• Une équipe est née

    L'équipe de France féminine (Jean, Aymonier, Faivre-Picon, Hugue)

    Sochi 2014

    Au terme d’une course d’équipe de très haute tenue, la France termine au pied du podium mais devant la Norvège. Le titre olympique revient, lui, à la Suède de Charlotte Kalla, impressionnante. Longtemps en tête, la Finlande s’adjuge l’argent et l’Allemagne prend le bronze. La Norvège n’est que 5e.

    On ne les attendait pas là, personne ne les attendait là ou alors ce serait un mensonge ou un l’expression d’un doux rêve. Car il n’y a bien que dans leur rêve que les Françaises auraient pu imaginer pareil scénario et pareil dénouement à ce relais qui a peut-être marqué le début d’une nouvelle et grande aventure avec la naissance d’un groupe de copines au plus haut niveau mondial.

    Les Françaises 4e et ravies

    Alors que la Suède venait de triompher depuis une trentaine de secondes devant la Finlande et l’Allemagne, au bout de la dernière ligne droite, Coraline Hugue surgit. Non, elle n’était plus dans le sillage de la norvégienne Marit Bjoergen, elle était seule. Quelques mètres plus tôt, la fondeuse des Rousses avait réalisé l’impensable et lâcher la championne olympique du skiathlon. Sans en rajouter, sans se retourner. Seule, elle ne faiblissait pas, portée par ses coéquipières qui à l’autre bout de cette ligne droite à l’arrivée l’attendait avec les bras ouverts et des sourires à faire pâlir la neige russe luisant au soleil.

    Au passage de la ligne, Coraline Hugue tombait dans les bars de Célia Aymonier, la plus jeune du groupe France avant qu’Aurore Jean et Anouk Faivre-Picon ne viennent les rejoindre dans une ronde joyeuse. Quatrième du relais olympique, devant la Norvège et une Marit Bjoergen défaite, la France venait de réaliser l’une de ses plus belles courses dans un grand événement et aux Jeux Olympiques. « C’est une belle victoire aujourd’hui », lâchait Hugue. Une victoire qui s’est dessinée une heure plus tôt sous les skis d’Aurore Jean.

    Pas si classique

    Aurore Jean lance parfaitement le relais

    Chef de file de cette équipe féminine, la demi-finaliste du sprint olympique se chargeait de commencer le rêve. Partie en compagnie de la jeune norvégienne Heidi Weng (3e du skiathlon, ndlr), de l’expérimentée Ingemarsdotter, de l’Américaine Randall ou de la Finalndaise Kylloenen, Aurore Jean ne se démontait pas. Alors que la Russie avec Ivanova, la Finlande et l’Allemagne menait le train devant, la tricolore ne se découvrait pas et menait sa course avec un grand sens tactique. Au milieu du groupe, elle prenait ainsi les skis de la Weng consciente du danger qu’elle représentait. « Je ne me suis pas énervée. J’ai réussi à me maintenir dans le rythme », expliquait ainsi la fondeuse de 28 ans.  C’est d’ailleurs dans le sillage de la Norvégienne qu’elle allait passer le relais à seulement 6’’ de la tête occupée par le trio République Tchèque-Russie-Suède. « Je suis vraiment contente. On peut faire quelque chose de super. On n’a jamais été aussi près », appréciait l’aînée qui pouvait passer le relais à la cadette du groupe, Célia Aymonier, tout un symbole.

    Du haut de ses 22 ans et pour ses premiers Jeux olympiques, la jeune fille des Fourgs allait livrer une course de tout premier plan. Encore tendre en individuel, elle montrait de belles dispositions dans ce format par équipe. Bien calée derrière Wiken ou Johaug, Aymonier ne cédait rien et faisait même jeu égal avec ses prestigieuses partenaires de poursuite. Sous l’impulsion de la leader de la coupe du monde, tout ce petit monde recollait à la fuyarde russe Kuziukova. C’est à cet instant que Saarinen décidait d’attaquer et scindait le groupe en deux emmenant avec elle, Wiken et l’Allemande Boehler. Aymonier, Johaug et Kowalczyk ne pouvait suivre quand Kuziokova craquait. Avec 13’’ de retard sur la tête mais en compagnie de la Pologne et de la Norvège, Aymonier bouclait la partie classique du relais et envoyait Anouk Faivre-Picon au combat.

    Anouk Faivre-Picon dans le coup

    « Bjoergen ou une autre pas de quartier »

    « On y croit toutes ensemble », assurera après son passage la fondeuse de Pontarlier. Une foi qui allait la porter. Reposée après une semaine à affûter ses skis et ses sensations, elle faisait mieux que figurer aux côtés de Jacobsen. Après l’avoir laissée mener la poursuite, la Française relançait fort comprenant que devant la Suédoise Haag n’était pas au mieux. Après 12,5 km la France n’avait plus rien de l’invité surprise, elle était là, bien ancrée parmi les meilleures, là où jamais elle ne pensait se retrouver, en ce deuxième samedi à Sochi. Sixième au passage de relais toujours avec la surprenante Pologne et la Norvège, étonnamment distancée.

    Le plus dur commençait pour Corlanie Hugue, dernière relayeuse et chargée de concrétiser le rêve, bâti jusqu’alors par ses équipières. « On est une bande de copines et c’est ce qui fait notre force », affirme Célia Aymonier. Une force qui allait accompagner Coraline Hugue au-delà de l’imaginable. Portée par le souffle et les pensées de ses amies, cette dernière ne s’affolait pas dans le sillage de la quadruple championne olympique Marit Bjoergen, remontée comme une pendule et mue par la volonté de ramener la Norvège sur le podium. 

    Coraline Hugue termine le travail

    Mieux, elle la tenait en respect, au point de comprendre qu’elle avait un coup à jouer. « Bjoergen ou une autre, pas de quartier », rira à l’arrivée Hugue. En effet, la tricolore ne prenait pas ombrage du palmarès de la Norvégienne et se faisait un plaisir de la déposer à l’entrée du stade pour déboucher dans cette dernière ligne droite au 4e rang. La France venait de faire l’impensable. « On est toutes allé la chercher cette 4e place. On aurait, bien sûr, préférer le podium mais c’est une belle victoire », se satisfait Coraline Hugue avant qu’Aymonier enchérisse. « Aujourd’hui, on montre qu’on a une vraie force d’équipe », apprécie la cadette. Ce n’est pas une médaille mais elle en la valeur. La valeur de l’effort et du sacrifice, celui de l’abandon au collectif où la France sait toujours se dépasser pour construire le rêve. « On n’a jamais été aussi près du podium et un jour on l’aura », conclu Anouk Faivre-Picon pleine de détermination et d’envie.

    La Suède, enfin

    La Suède championne olympique

    Devant, la Suède a (enfin) eu le droit de sourire. Abonnées aux deuxièmes places avec deux médailles d’argent pour Charlotte Kalla (skiathlon et 10 km classique), les Suédoises ont livré une course pleine, portée par un dernier relais de feu de la double médaillée d’argent. Survoltée, Kalla a fondu sur l’Allemagne et la Finlande, pour s’adjuger la victoire dans un final éblouissant où elle prit la corde pour déboucher en tête à l’entrée de la dernière ligne droite et de conclure au sprint. Derrière, la Finlande fait mieux qu’à Vancouver en 2010. Emmenée par une Saarinen et une Niskanen impressionnantes, les Finlandaises se parent d’argent juste devant l’Allemagne et donc la France.

    Cinquième, la Norvège connaît une véritable désillusion. Invaincues depuis 2010, Bjoergen, Johaug et les autres n’ont jamais semblé capable de défendre leur titre. Si les Jeux olympiques avaient bien commencé pour elles avec deux titres, ils sont en train de virer au mauvais rêve. Les Reines du fond ne le sont plus.

     

    Christopher Buet


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