• Réservé aux grandes dames

    Kowalczyk, Kalla et Johaug avec leurs médailles

    Sochi 2014

    Au terme d’une course qu’elle aura dominée de bout en bout, Justyna Kowalczyk s’adjuge le titre olympique du 10 km classique féminin. La Polonaise devance la surprenante Charlotte Kalla pour 18 secondes et la Norvégienne Thérèse Johaug. Les Françaises, elles, sont loin, repoussées au 27e rang pour Célia Aymonier et au 29e pour Aurore Jean.

    Loin du compte. Alors qu’elles avaient montré un beau visage jusqu’à présent, les fondeuses tricolores ont connu une journée pour le moins compliqué lors de ce 10 km classique. Dans des conditions climatiques extrêmes marquées par une chaleur inhabituelle pour une épreuve de ski de fond (11°), Aurore Jean, en manches courtes comme de nombreuses autres fondeuses, et Célia Aymonier ont éprouvé de grandes difficultés pour développer leur ski. « On est plus habitué dans des conditions froides. C’est très éprouvant physiquement. C’est difficile à skier, ça brasse beaucoup », appuie la cadette à l’issue d’une demi-heure de course passée à lutter contre les éléments.

    Célia Aymonier, meilleure française

    Partie avec le dossard 19 sur les épaules, la skieuse des Fourgs ouvrait la voie pour une équipe de France réduite à sa portion congrue avec seulement deux athlètes engagées au départ. Championne du monde espoir de la spécialité quelques jours avant de débarquer sur les rives de la Mer Noire, Célia Aymonier faisait sa course tant bien que mal, passant en 25e position le premier pointage intermédiaire à seulement deux secondes d’une Aurore Jean, 19e mais moins fringante que les jours précédents. Se dessinent alors un duel à distance entre les deux tricolores, distancées par les  meilleures. À 3 minutes d’intervalle, Aymonier et Jean se dispute la suprématie nationale. Jusque là en avance, cette dernière voit sa cadette lui filer devant. En effet à la mi-course, ce n’est plus la native d’Embun mais bien la Jurassienne de 22 ans qui endosse le costume de meilleure tricolore pour 4 petites secondes (24e à 1’ contre 26e à 1’03’’9).

    Aymonier s’affirme devant Aurore Jean

    C’est donc dans cette configuration inhabituelle que démarre une deuxième boucle qui n’allait finalement que confirmer les difficultés rencontrées, en ce jeudi, par Aurore Jean. « J’avais les jambes bien dures », confessera-t-elle sans se dérober par la suite. Incapable de réagir face à l’allure infernale des meilleures, elle cédait près d’une minute en 3 kilomètres mais parvenait à recoller à sa compatriote. En effet, à 2 km de l’arrivée, les deux fondeuses françaises n’étaient plus séparées que par 5 dixièmes de seconde. Une course dans la course pour l’honneur, entre la 25e et la 26e fille du jour, à défaut de mieux. Ce duel national qui nous était proposé allait finalement tourner à l’avantage de la plus jeune des deux protagonistes.

    Pour sa troisième épreuve olympique, Célia Aymonier coupait la ligne avec ce qui allait devenir le 27chrono du jour à 2’28’’ de la championne olympique Justyna Kowalczyk. De son côté, Aurore Jean confirmait ses mauvaises disposition du jour avec une triste 29e place pour la demi-finaliste du sprint (à 2’43’’). « J’ai beaucoup souffert avec la chaleur. Aujourd’hui, je n’avais pas de bonnes sensations et j’ai beaucoup, beaucoup souffert », répétait à l’arrivée la fondeuse de 28 ans. Des résultats bien en-deçà de ce à quoi elles pouvaient toutes les deux prétendre dans une épreuve qui leur convenait mais que la chaleur a rendu particulièrement difficile.

    Kowalczyk en démonstration

    Kowalczyk s'impose en patronne

    « On est épuisé, c’est vraiment pour les costauds », insistait Aymonier après sa course. Une analyse juste de la jeune fille des Fourgs. En effet, devant, les meilleures fondeuses du circuit mondial ont livré un spectacle passionnant avec en vedette une grande dame que l’on n’attendait pas à ce niveau-là. Blessée au pied lors du skiathlon, la Polonaise a prouvé que rien ne pouvait l’arrêter dans sa quête olympique, pas même une fracture. Plus que la victoire, la quadruple lauréate du classement général de la coupe du monde, dont elle est la tenante, a livré une démonstration comme seule les plus grandes sont capables de le faire. Déterminée, elle partait comme une bombe et pointait déjà en tête au premier intermédiaire. Après 2,2 km de course, Kowalczyck ne comptait que 2 secondes d’avance sur la favorite annoncée Marit Bjoergen et 4 sur la leader de la coupe du monde Therese Johaug. Cet écart n’allait faire que s’accentuer au fil des kilomètres. Preuve de sa domination du jour, Kowalczyk avalait dès la mi-course dans le stade la médaillée de bronze du skiathlon Heidi Weng, partie pourtant 30 secondes devant elle. À cet instant, Bjoergen, toujours dauphine, avait déjà concédé 9’’.

    Impitoyable, Kowalczyk ne faiblissait pas, bien au contraire et en rajoutait à chaque coup de bâton. Doublant son capital par rapport à ses poursuivantes, elle contrôlait la fin du parcours pour s’offrir son second titre olympique après celui acquis lors du 30 km à Vancouver en 2010. À 31 ans, la fondeuse de Limanowa mettait un terme à la domination sans partage des Norvégiennes et les privait d’un hypothétique Grand Chelem. Derrière la Polonaise, le suspense était à son comble avec 4 filles pour deux médailles. Deuxième tout au long durant près de 9 km, Marit Bjoergen craquait et finissait tant bien que mal. Contrairement à 2006 et 2010 où elle s’était offerte l’argent puis le bronze sur le 10 km, la championne du monde 2011 échouait à la 5e place.

    Justyna Kowalczyk entourée de Charlotte Kalla et Therese Johaug

    Contre toute attente, l’argent ne revenait pas à une représentante du pays des fjords mais à la surprenante Charlotte Kalla. Plus à l’aise en classique (médaille d’or à Vancouver du 10 km), la championne de Suède allait cueillir sa seconde médaille de ses Jeux olympiques, sa seconde breloque en argent, validant ainsi son choix d’avoir délaissé la coupe du monde pour se consacrer à la préparation du rendez-vous de Sochi. La Norvège allait tout de même réussir à sauver les apparences en plaçant l’une des siennes sur le podium. En effet, le bronze allait venir décorer le coup de Thérèse Johaug. Un métal qui faisait le bonheur de la fondeuse d’Os dont le sourire étincelait dans l’aire d’arrivée. Après la perte de son petit ami juste avant les Jeux olympiques, elle pouvait oublier, un instant, sa peine.

    Un 10 km classique réservé aux grandes dames de ce sport. Un 10 km pour renaître, un 10 km pour panser ses blessures.

    Christopher Buet


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