• Halys, la raquette de l'espoir

    La relève Halys

    Du haut de ses 18 ans, Quentin Halys possède un potentiel plus qu’intéressant. En retard sur les meilleurs de sa génération (Coric, Zverev, Rublev…), le Parisien grandit bien et pourrait incarner l’avenir du tennis tricolore.

    Il est aux alentours de 12h30 en ce vendredi ensoleillé et printanier quand l’information tombe. Non loin de la station Bourse où il réalise une conférence de presse en comité restreint en compagnie de Robert Pirès, Quentin Halys apprend qu’il a tiré le gros lot. A l’autre bout de Paris, Maria Sharapova a placé son nom à côté de celui de Rafael Nadal, l’ogre de la terre pour son premier match en Grand Chelem et à Roland-Garros. Alors que toutes les personnes présentes accusent le coup, le jeune homme reste stoïque, impassible sur sa chaise. Cache-t-il sa stupeur, sa peur, son excitation ? Rien de tout cela. D’un ton posé et monocorde, il se dit heureux mais pas stressé car il n’a rien à perdre et beaucoup à apprendre.

    Le rude apprentissage Nadal à Roland-GarrosQuatre jours plus tard, sur le court Philippe-Chatrier, Halys ne fera pas d’exploit. Une défaite sèche en 3 manches (6-3 6-3 6-4, en 1h49) dont il ne rougissait pas. « J'ai fait 5 jeux très tendus où cela ne sortait pas très bien de ma raquette et ensuite (…) j'ai eu l'impression qu'il y a eu un match, un combat à un moment, je suis assez satisfait de moi », expliquait-il. Avec sa courtoisie habituelle, Rafael Nadal s’attardait sur son jeune adversaire et ne manquait pas de le féliciter. « Il a très bien joué  même s’il a commis des erreurs. Ce n’est pas facile de jouer contre quelqu’un qui tente des coups gagnants. »

    Nadal : « Les armes pour devenir un grand joueur »

    Sans avoir été ridicule, Quentin Halys quittait Roland-Garros. Un simple « Au revoir » pour le Francilien dont la carrière professionnelle n’en est qu’à ses balbutiements. « Je viens juste de basculer chez les pros. J'ai fait mes premiers Futures (tournois de 3e Division, ndlr)en début d'année. Je bascule sur les Challengers (tournois de 2e Division, ndlr).Ce match peut être un bon tremplin... », croit-il.

    Il faut dire que du haut de ses 18 ans, Quentin Halys possède l’un des plus beaux potentiels du tennis tricolore. Né à Bondy, au Nord-Est de Paris, il se distingue à 13 ans en remportant les Petits AS, l’officieux championnat du monde des 12-14 ans. Un exploit considérable puisqu’il devient à cette occasion le premier vainqueur français de l’épreuve depuis 11 ans et un certain Richard Gasquet. Cette victoire prestigieuse suscite de fait de nombreux espoirs.

    Halys voit loinCinq ans après, Halys a bien grandit et culmine à 1,90m mais n’a rien perdu de ses qualités raquette en main. « C’est un garçon qui sent bien le jeu. Il est vraiment adroit, malin et il sait prendre la balle très tôt, ce qui est rare chez les jeunes », salue l’ancien capitaine de Coupe Davis et directeur du Masters 1000 de Paris-Bercy Guy Forget. Une analyse partagée par Arnaud Di Pascaule. « Il s'illustre surtout par son côté tacticien, par sa capacité à sentir le jeu. Il se sert parfaitement de la géométrie du terrain. Ce n'est pas un grand cogneur. Il est adroit, dispose d'une bonne main, mais il joue surtout juste. C'est un peu du Hingis », confiait le DTN en novembre dernier en marge de la finale de la Coupe Davis entre la France et la Suisse.

    De son côté, Arnaud Clément apprécie les qualités de cet attaquant. « Il a un tennis pur. Mais le plus important, c’est que sur le court, il se bat et j’aime son attitude », avoue l’ancien 10ème mondial et actuel capitaine de l’équipe de France de Coupe Davis.

    Halys échoue en finale de l'US Open juniorConscient de son potentiel, Halys refuse de se laisser griser et procède par étape. Ainsi cet hiver, il a fait appel à Olivier Ramos pour l’accompagner et l’aider à progresser. « Quentin a un jeu assez offensif. Sur le court, il aime imposer son rythme et ses séquences. C'est un joueur malin et très opportun. Avec son gros gabarit (1,90 m), il peut s'appuyer sur un bon service et une très bonne gicle de coup droit », dit de lui l’ancien coach d’Adrian Mannarino. Depuis qu’ils sont ensemble, le Francilien a grimpé de plus de 300 places à l’ATP pour atteindre le TOP 300 (295ème contre 635 en janvier). Un bond fulgurant qui laisse augurer de belles choses pour l’avenir. « La pression, je ne la ressens pas du tout. Pour l'instant, je suis encore très loin des Monfils, Tsonga, Gasquet etc. Je dois faire mon petit bonhomme de chemin et je ne ressens pas plus de pression que cela quand on me dit que je suis sur leurs traces », assurait le principal intéressé en septembre dernier avant de disputer (et perdre) la finale de l’US Open junior.

     « Il a les armes pour devenir un grand joueur mais il faut enchaîner. Il faut savoir que dans le tennis, les choses ne sont pas faciles. Il faudra concrétiser l’essai », prévenait Rafael Nadal, nonuple vainqueur de Roland-Garros après leur rencontre Porte d’Auteuil. « C'est un gros bosseur et il aime ça », répondait Ramos dans La Nouvelle République lors du tournoi de Poitiers. « Il va devoir muscler son jeu, et avoir plus d'audace. C'est comme cela qu'il sera plus fort », concluait Di Pasquale.

    Sports Elite Jeunes mise sur lui

    Halys, parrain avec Robert PirèsPour cela, il pourra demander conseil à Robert Pires avec qui il est parrain de Sports Elite Jeunes. En effet, le groupe spécialisé dans l’organisation de stages et vacances sportives à destination des 7-17 ans depuis 1977, a choisi de s’associer avec le jeune espoir du tennis tricolore. Dans le cadre de ce partenariat, Quentin Halys aura la charge d’encadrer des enfants dans la pratique de leur sport mais aussi et surtout de partager son expérience, son apprentissage du haut niveau. Avec Halys, Sport Elite Jeune entend offrir un interlocuteur à la fois crédible dans son discours et proche des jeunes accueillis dans les différents camps. Car si Robert Pires brille par son palmarès et sa carrière au plus haut niveau, l’ancien pensionnaire de l’INSEP sera davantage en phase avec ses interlocuteurs, plus au fait de leurs aspirations, de leurs problèmes et pourra tenir un discours peut-être plus adapté à leurs âges.

    A 18 ans, ce partenariat pourrait être le premier d’une longue série pour le jeune homme qui se dit heureux et fier de pouvoir conseiller ces enfants bien qu’il appréhende encore le fait de se retrouver seul face à eux. A l’image du garçon, réservé dans la vie mais si assuré les pieds sur un court. En attendant de se frotter aux petits amateurs de France cet été, Quentin Halys ira taquiner les « anciens » du circuit avec en ligne de mire, qui sait, les qualifications pour le prochain Wimbledon et le rêve un peu fou d’un duel dans le tableau principal avec son idole Roger Federer qui ferait un bel écho à celui de son premier tour Porte d’Auteuil face à Rafael Nadal.

    Christopher Buet


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