• Games of throne at Wimbledon (2/2)

    Djokovic, finaliste 2013 malheureux

    Wimbledon (1)

    Suite de nos prétendants au trône de Wimbledon. Après Andy Murray qui brigue une deuxième couronne à domicile et un Nadal en reconquête, Novak Djokovic lorgne vers le siège tout comme un certain Roger Federer et une jeune garde ambitieuse.

    Si Rafael Nadal va devoir sortir le grand jeu pour piétiner cette herbe qui le tourmente tant, son dauphin au classement ATP ne va pas avoir la tâche facile non plus. Intraitable en 2011 et toujours au rendez-vous dans les grands événements, Novak Djokovic n’est plus le guerrier invincible qui terrorisait ses adversaires avant même que ceux-ci ne l’affrontent. D’une régularité affolante, le Serbe ne parvient plus à se sublimer lorsque la bataille pour la gloire s’amorce, comme tétanisé voire apeuré par cet enjeu qui le transcendait auparavant. Une impression que Roland-Garros a mis encore un peu plus en évidence. Face à Nadal, Djokovic sembla tenir le sort du match dans sa raquette avant de flancher physiquement là où son opposant résista à des crampes. Le phénomène n’a rien de nouveau puisque déjà à l’US Open 2013 il avait paru impuissant face à l’Espagnol quand à Wimbledon, un peu plus tôt, il s’était laissé embobiner par Murray. Un petit jeu qui s’étire depuis l’Open d’Australie en janvier de l’année dernière. Une éternité pour lui qui allait de victoires en victoires et dont on croyait que la reconquête reprenait après une fin de saison 2013 de très haute tenue.

    Becker pourrait aider Djokovic

    Depuis lors, Novak Djokovic se cherche lui et ses armes, ce mental de tueur et ce revers assassin qui en faisait le prétendant naturel au trône mondial. Malgré tout ça et un poignet qui grince anormalement depuis plusieurs semaines, le natif de Belgrade se veut rassurant. « Mentalement, ce n’est ni ma première, ni ma dernière défaite en grand tournoi », insiste-t-il en référence à sa finale perdue à Roland-Garros. « J’ai déjà dû surpasser ce genre d’émotion très forte l’an dernier avec demi-finale contre Nadal (perdue 9-7 au cinquième set), et je suis allé en finale ensuite à Wimbledon. J’ai l’intention d’aller aussi loin cette année. Sur le plan technique, je suis en train de m’adapter à la surface. Physiquementje me sens très bien. Et la motivation n’est pas un problème. On parle du plus prestigieux tournoi dans notre sport. » Un tournoi qu’il a déjà éclaboussé de son talent lors de sa merveilleuse saison 2011. Pour rééditer cette performance, le Serbe a appelé à ses côtés, et ce depuis le début de la saison, un habitué des lieux : Boris Becker, triple vainqueur à Londres. Une aide qui pourrait s’avérer fort précieuse dans un tournoi des plus piégeux puisque Jo-Wilfried Tsonga se profile dès les huitièmes de finale avant une éventuelle rencontre avec l’ingérable Ernst Gulbis, qu’il a mâté en demie à Paris mais dont le service marchera mieux sur gazon, ou le placide Berdych, l’une de ses victimes préférées mais capable de tout dans un grand jour comme lors de ca quart de finale à Wimbledon en 2011 lorsqu’il écœura Roger Federer en personne.

    La marche blanche de sa Majesté

    Federer croit en lui pour ce Wimbledon

    Loin de ces luttes de pouvoir, Roger Federer aborde l’été pour la première fois de sa carrière sans détenir le moindre titre en Grand Chelem. Une nouveauté pour l’ancien maître de Wimbledon qui n’en finit plus de voir les années et ses adversaires rogner sur ses prérogatives. Demi-finaliste du dernier Open d’Australie, le Suisse a une nouvelle fois chuté prématurément du côté de Roland-Garros contre le letton Gulbis, en 8èmes. Une contre-performance qui n’était finalement pas vraiment une au regard des circonstances. Père de jumeaux pour la seconde fois après ses jumelles en 2009, Roger Federer pouvait raisonnablement avoir l’esprit ailleurs. Surtout, sa Majesté a prouvé que cette sortie anticipée n’était en rien inquiétante.

    En effet, si tôt éliminé, il s’est rué sur le gazon et a imposé sa loi du côté de Halle, conservant ainsi le titre arraché l’an dernier, son 7ème en Allemagne. Rassurant comme son état physique. À la différence de l’an dernier où sa victoire cachait un mal de dos récurrent, Roger Federer jouit de l’intégralité de ses moyens. « J’arrive avec un bien meilleur feeling qu’il y a un an (…) Je ne pouvais pas faire sur le court tout ce que je souhaitais. Cette année, j’ai toutes les options. Retour, service, 

    Federer battu au 2nd tour

    enchaînement service-volée, mon revers : tout fonctionne à volonté », assure-t-il avec une grande sérénité. Une forme qui le propulse à nouveau comme une grande menace pour le trône britannique. « Je sens bien Roger Federer cette année pour gagner Wimbledon. Je pense qu'il va pouvoir encore gagner un Grand Chelem et sa meilleure chance sera à Wimbledon. Travailler avec Stefan Edberg va aider dans sa progression pour un titre à Londres. Il a été très offensif lors de l'Open d'Australie. S'il réitère ce genre de performances, alors, il est mon favori pour remporter ce tournoi », avance Mark Philipoussis, finaliste en 2003 face à l’Helvète, à Press Association Sport.

    L’Australien n’est pas le seul à donner du crédit à l’ancien n°1 mondial. Septuple vainqueur de Wimbledon, Pete Sampras est convaincu que le feu qui anime Federer est intact et qu’il ne vit que pour les frissons et la gloire des Majeurs. « C’est pourquoi il continue à jouer. Je ne crois pas qu’il joue pour autre chose que gagner à nouveau un tournoi du Grand Chelem. » Privé de grand titre depuis sa résurrection en 2012 ici-même, Federer est d’autant plus dangereux qu’il est mu par la volonté d’anéantir le souvenir de l’an dernier et ce naufrage au deuxième tour contre Stakhovsky. « J’ai des ennuis l’an dernier quand j’ai perdu précocement à Wimbledon et je ne veux pas que cela se reproduise. Je suis focalisé là-dessus », rappelle le Bâlois. Dans cette tenue blanche qui rappelle à merveille son immaculé talent et son incontestable classe, sa Majesté entend  marcher avec fermeté vers le trône où siège Murray.

    A l’assaut du « Mur »

    Derrière les quatre immuables têtes couronnées, les prétendants ne manquent pas non plus. Si Stan Wawrinka, le premier à avoir franchi le mur érigé par Federer, Nadal, Djokovic et Murray depuis 2009, semble incapable de renouveler son exploit après en raison d’une préparation catastrophique marquée par un passage à l’hôpital après un malaise consécutif à de fortes fièvres, d’autres hommes se présentent au pied de l’édifice. Démoli par le service de Karlovic dès le 2nd tour à Roland-Garros, Grigor Dimitrov a confirmé que ce match n’était qu’un accident et qu’il savait se relever de pareille chute. Au terme d’une semaine riche et d’une finale disputée contre Feliciano Lopez (7-6 6-7 7-6), le Bulgare a annexé le Queen’s. 

    Dimitrov est un outsider sérieux

    Un titre loin d’être anodin et qui le place en premier de cordée pour l’ascension du « Mur » dans un quart de tableau qui le dirige vers le « Roi » Murray.

    À ses côtés, Milos Raonic en impose également. De plus en plus régulier sous la houlette de Riccardo Piatti et Ivan Ljubicic, le bombardier canadien arrive sur un terrain où son jeu peut s’exprimer de la meilleure des façons. Sur ce gazon fuyant bien que plus lent que par le passé, Raonic sera un calvaire pour nombre de joueurs et semble déjà promis à Rafael Nadal en quart de finale tant son parcours avant ne présente de réels dangers exception faite du tonique Nishikori. « Le principal objectif, c'est de se sentir de mieux en mieux, d'être en progression, car la transition entre la terre et le gazon est extrêmement courte », calme Raonic à l’idée d’un beau parcours dans la capitale anglaise. « Ce sont ces deux gars qui ont fait les plus gros progrès, je trouve, et dont on attend depuis longtemps qu'ils soient capables d'être performants dans un tournoi majeur. Ils sont en train de le montrer. S'ils ont un peu de chances et les choses qui tournent en leur faveur, ils peuvent réaliser un gros parcours », rapporte John McEnroe à leur propos.

    Ce sera compliqué pour Gasquet et les Bleus

    Les Français en retrait ?

    Dans les rangs tricolores, les espoirs se font plus discrets tout comme les protagonistes. Malgré une belle densité dans le tableau, les Français ne devraient guère pouvoir se mêler à ces joutes royales à l’image de leurs leaders. Finaliste à Eastbourne la semaine dernière, Richard Gasquet ne se dit qu’à « 80 % » de ses capacités et manque encore de rythme après plusieurs mois à soigner des douleurs dorsales. « Il a beaucoup souffert, son corps n’était plus habitué à reproduire autant d’efforts. Voilà pourquoi il doute beaucoup à la moindre douleur ou courbature. Il n’est pas encore totalement rassuré par son dos. Du coup, faire une finale ici, c’est une bonne chose », positive son entraîneur espagnol Sergi Bruguera. Demi-finaliste en 2007 à Wimbledon, Gasquet a été gâté pour cette édition avec un 8ème de finale théorique contre…Rafael Nadal.

    Tsonga se cherche

    Pas beaucoup mieux loti, Jo-Wilfried Tsonga va devoir se coltiner selon toute vraisemblance celui qui l’avait privé de finale en 2011 : Novak Djokovic et ce dès les 8èmes de finale aussi. Une perspective peu encourageante d’autant que le Manceau est en crise de résultats. « Il y a un an, j’étais dans le trou complet. Fallait à tout prix que je règle ses problèmes physiques. Et ça demande du temps (…) Je n’ai pas perdu le goût de la bagarre mais va à la guerre avec un fusil et va à la guerre avec un canif… J’étais valeureux, j’y suis allé avec mon canif. Pour ce Wimbledon, je ne sais pas si j’aurais un fusil ou une arbalète », s’interroge le 17ème mondial qui reste sur une défaite au 2nd tour ici l’an dernier.

    Concernant les autres tricolores, peu de chances de briller avec un Benneteau qui doit croiser Federer dès le 2ème match, comme Paire avec Nadal, Roger-Vasselin avec Anderson ou Herbert avec Raonic. On en oublie Monfils qui s’exprime aussi mal sur herbe qu’il s’amuse sur terre battue.

    Dans l’écrin feutré de Wimbledon, les batailles s’annoncent féroces et les prétendants nombreux mais il n’y aura qu’un élu pour s’asseoir sur ce trône légendaire. Que les « Games of Throne » commencent.

    Christopher Buet


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