• Et Messi força le verrou

    Barcelone exulte et entrevoie Berlin

    A la faveur d’un dernier quart d’heure enfiévré, marqué par trois buts, Barcelone a pris une sérieuse option sur la qualification pour la finale de la Ligue des Champions en dominant le Bayern Munich au terme d’une rencontre prodigieuse d’intensité.

    Messi débloque la demieToutes les histoires ont besoin d’un héros, celui qui guide les siens, leur ouvre le chemin quand il est trop escarpé, trop encombré, trop sombre. Dans la douce nuit catalane, la cité façonnée par les inspirations de Gaudi s’est trouvée son héros, ou plutôt l’a retrouvée. Transi d’amour, le peuple blaugrana s’égosillait. « Messi ! Messi ! Messi ! », chantait-il, comme on loue son Dieu dans une cathédrale. Si le fantasque architecte n’est plus, fauché par un bus une journée de juin 1926, le joueur argentin a, lui, rappelé qu’il est bien vivant, que son génie n’a rien perdu de son éclat après un quart de finale atone contre Paris et que ses fulgurances dessinent toujours les contours d’un artiste invraisemblable et incontournable répondant présent à l’heure de se dresser sur la grande scène continentale. « Leo Messi fait des choses que personne ne peut reproduire. Grâce à lui, nous avons toujours la garantie d'être un peu plus proches de la victoire. Je lui tire une nouvelle fois mon chapeau. Il nous rend heureux », encensait après la rencontre son capitaine Andres Iniesta. Car plus qu’un doublé, Lionel Messi a fait basculer, dans un dernier quart d’heure abominable pour les Bavarois, le sort de cette demi-finale fabuleuse d’intensité où les deux formations se sont livrés une bataille pleine de hargne et d’engagement pour obtenir la maîtrise du ballon.

    Le choc des blocs

    Neuer maintient les siens dans le matchDans un Camp Nou ayant revêtu ses habits de gala, le FC Barcelone et le Bayern Munich avaient décidé d’imposer leur jeu respectif, fait de possession et de longues séquences de préparation. Pour cela, l’un comme l’autre réclamait le contrôle du ballon. Dès lors, la pelouse catalane devint le théâtre d’un spectacle irrespirable où chacun exerçait une pression étourdissante à son opposant dès qu’il perdait l’initiative, allant jusqu’à chasser loin dans la moitié de terrain adverse. Une débauche d’énergie considérable même pour des équipes de ce calibre qui les contraignait à jouer sur un fil et où toute erreur pouvait se payer comptant. Ainsi après 12 minutes, Suarez se jouait de l’alignement bavarois et s’en allait défier seul Manuel Neuer. L’Uruguayen tentait de propulser le ballon de l’intérieur du pied dans le petit filet opposé mais sa frappe était repoussée par la cheville du portier allemand. Comme il l’avait annoncé la veille, ce dernier marquait d’entrée son territoire avec son autorité habituelle et permettait au Bayern de ne pas sombrer.

    L'impuissance du BayernTremblant sur sa base arrière, le Bayern Munich ne désarmait pas et parvenait à surprendre la défense catalane. Sur une bonne combinaison avec Thomas Müller, l’attaquant polonais faussait compagnie à ses « geôliers » d’un soir et se retrouvait seul aux 6 mètres. Là, il se jetait pour reprendre le centre de son coéquipier mais ne parvenait qu’à effleurer le ballon. Sans le savoir, l’homme au masque venait de laisser échapper la plus belle opportunité de son équipe. Car si le Bayern Munich soutenait la bataille du milieu de terrain et sembla même prendre un ascendant physique en début de seconde période, il était incapable de se montrer dangereux. Si Thiago Alcantara offrait un relais technique intéressant sur le flanc droit, l’Espagnol ne pouvait apporter cette accélération meurtrière dont Robben a le secret, permettant de déstabiliser le bloc défensif adverse. Sans son Néerlandais et Franck Ribéry, l’attaque bavaroise ronronnait sans ressources, frappant 8 fois au but sans cadrer le moindre tir. Du jamais vu pour le club bavarois depuis 2009 et une défaite contre Bordeaux.

    Messi déchaine les enfers

    « On n’a pas joué bas parce que si tu le fais, tu finis par perdre (…) Il fallait les éloigner de notre zone »,  expliquait Guardiola. Une tâche que ses hommes réussirent à accomplir pendant longtemps mais comme il l’avouait avec fatalité : « Ils sont tellement bons qu’ils finissent par trouver les espaces. » C’est bel et bien ce qui advint. Pris à la gorge par le positionnement et l’activité des bavarois, les Barcelonais peinaient à s’installer. « C'est un match très compliqué, une demi-finale de Ligue des Champions face à un très bon adversaire », constatait Lionel Messi qui avait vu Alves échouer comme Suarez sur Neuer peu avant la mi-temps.

    Messi déchaine un quart d'heure d'enferComme souvent, c’est du numéro 10 argentin qu’allait venir le salue catalan. Virevoltant et très concerné par la tâche défensive pour laquelle il multiplia les harcèlements, le natif de Rosario allait se mettre en évidence. On jouait la 77ème minute quand Neymar s’effondra dans la surface sur un centre de Messi. L’arbitre ne bronchait pas et laissait le soin à Neuer de relancer vite sur Bernat à droite. Remarquable d’anticipation, Alves sautait dans les pieds de son vis-à-vis, se jouait de lui d’un grand pont et servait sur sa gauche Messi. D’un contrôle, l’Argentin se replaçait à 20m et armait sa frappe. Une frappe aussi limpide que soudaine. Neuer eut beau se détendre, il n’y pouvait rien. Pour la première fois de sa carrière, le quadruple Ballon d’Or, plein de hargne, trompait le portier allemand et faisait exploser un Camp Nou suffocant.

    Messi assomme Neuer et le BayernComme désarçonner par ce but, le Bayern se désunissait très légèrement. Or le moindre relâchement ne pardonne pas à ce niveau d’exigence et d’excellence. Au cœur du jeu, Busquets éliminait le premier rideau bavarois et servait Rakitic. Le Croate ne se faisait pas prier pour adresser une ouverture lumineuse à Messi dans une défense distendue. La suite se passait de commentaire. Avec une simplicité désarmante, il se jouait de Boateng d’un crochet intérieur et exécutait Neuer d’un subtil piqué qui fila embrasser les filets. A l’image de son gardien, le Bayern était à terre, impuissant face à ce démon argentin. « Un joueur comme Messi est difficile à arrêter. Parfois on gagne, parfois on perd », philosophait le gardien bavarois. « Nous avons eu la chance de marquer face à une équipe qui tient beaucoup le ballon, qui a un style similaire au notre. Nous avons eu du mal à mettre le premier, et par chance nous avons pu en marquer deux autres. C'est un excellent résultat », savourait le héros du soir qui parachevait son œuvre dans le temps additionnel.

    Neymar et Messi se congratulentAlors que les Allemands avaient jeté leurs dernières forces dans une ultime offensive, Barcelone planta un contre. Dans le rond central, Messi alertait Neymar partit dans le dos de Benatia. Le Brésilien s’approcha et crucifia sans état d’âme un Neuer médusé avant de se jeter dans les bras de son passeur dans une étreinte folle et joyeuse (3-0). En l’espace de 15 minutes, Barcelone, dans le sillage de son prodige, avait fait exploser sa bête noire qui ne méritait pareille correction au vu des efforts déployés. « Ce soir, nous avons assisté à un grand spectacle entre deux équipes qui savent jouer au football », appréciait Neymar. Loin de fanfaronner, Messi prévenait : « Maintenant, il faut aller terminer le travail à Munich, sans excès de confiance, car le Bayern est très solide à domicile. » Comme pour rappeler que cette nuit endiablée n’était qu’un chapitre dont il avait été le héros et que l’histoire n’était pas terminée.

    Christopher Buet


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