A l’image du temps, la première journée de Roland Garros a été empreinte d’une agréable douceur pour l’ensemble des favoris même si certains ont connu quelques frayeurs.

Longtemps, nous avons craint que la véritable star de ce début de Roland Garros ne soit la pluie qui depuis plusieurs semaines inondent le quotidien des parisiens et douchent les espoirs de voir poindre le printemps. Pourtant à 11h, ce sont bien les joueurs et joueuses engagés pour ce second Majeur de la saison qui étaient à l’honneur. Dans le vent frais et inhospitalier de Paris, ils ont échangé les premières balles de cette édition. Une entrée en matière douce que la pluie ne sera jamais venue perturbée.

Car cette première journée se sera résumée en une agréable balade pour l’ensemble des favoris appelés sur le court en ce dimanche de fête des mères.

Première à se présenter sur le court central, Ana Ivanovic commença par rappeler qu’elle fut un jour la maîtresse de ses lieux. Opposée à Petra Martic, la tombeuse de Marion Bartoli l’année dernière, la lauréate de l’édition 2008 distribuait le jeu et assurait le tempo. Plus rapide, plus précise et plus puissante que son adversaire, elle se détachait rapidement et empochait le premier set (6-1). Dès lors, on croyait la Serbe lancée vers un succès aisée. Mais comme le temps, elle allait se montrée capricieuse et changeante. Relâchant son étreinte, elle concédait son service  sans jamais parvenir à refaire son retard (6-3). Une manche partout et Martic se mettait à espérer. Un espoir vite dissipé par une Ivanovic de nouveau conquérante. Malgré un petit passage à vide, la tête de série 13 se qualifiait pour le second tour.

Serena Williams, Roger Federer : même combat

S’il y en a une qui n’a pas connu la moindre difficulté pour rallier le deuxième tour, c’est bien Serena Williams. Un an après sa déconvenue à ce même stade de la compétition face à l’épatante Virginie Razzano (ndlr : qui s’est qualifiée également), l’Amérciaine a brillé par sa concentration. Toute à son affaire, elle n’a pas laissé la moindre chance à Ana Tatishvili. Pris à la gorge, la géorgienne n’allait inscrire qu’un jeu face à l’immense favorite du tournoi. Après 51 minutes, la cadette des Williams concluait l’affaire (6-0 6-1). La tragédie jouée en 2012 semble bien loin pour l’élève de Patrick Mouratoglou qui rêve de prouver par les résultats l’intensité de son amour pour la capitale parisienne. Une chose est sûre, en plus de son match, la n°1 mondiale a également gagné les faveurs de l’assistance en s’exprimant dans un joli français. Serena continue son irrésistible balade. Une balade qui la conduira à rencontrer au prochain tour Caroline Garcia.

L’espoir du tennis tricolore n’a pas manqué le rendez-vous que le tirage au sort lui avait programmé avec la référence du circuit. Face à la qualifiée ukrainienne Beygelzimer, Garcia s’imposant en deux manches (6-3 6-4). En 2011, la joueuse âgée aujourd’hui de 19 ans avait fait trembler la grande Maria Sharapova, parvenant à lui subtiliser un set et menant même largement dans le second avant de finalement flancher. De quoi donner des idées avant de défier Serena

De son côté, Roger Federer n’a pas connu le moindre problème pour son entrée en lice. Programmé pour la première fois de sa carrière un dimanche Porte d’Auteuil, Sa Majesté s’est contenté d’une partition maitrisée. Très solide au service (83% de point gagnés derrière sa première balle), le n°3 mondiale n’aura eu besoin que d’une heure et vingt minutes pour se défaire du qualifié espagnol Pablo Carreno Busta (6-2 6-2 6-3). « Cela pouvait être un match piège si je n’avais pas réussi à maintenir un niveau de jeu élevé, à être agressif, à tenir l’échange. Je suis content de ce que j’ai fait. Gagner en trois sets comme ça, c’est bien », déclarait-il au sortir du match. Voilà le Suisse a un succès du record établi par Guillermo Villas à Paris, à savoir 55 victoires. Il pourra l’égaler dès le prochain tour face à l’indien Devvarman.

Errani en première, diesel Simon

Un  peu plus tôt dans la journée, Sara Errani (n°5) s’était distinguée. Dans l’anonymat du Suzanne Lenglen, la finaliste 2012 fut la première a composté son billet pour le second tour, hommes et femmes confondus, en expédiant la néerlandaise Arantxa Rus, qui avait notamment battu Kim Clijsters en 2011 ici même.

Autre tête de série à s’être qualifiée sans encombre l’Allemande Sabine Lisicki (n°32). Pour sa part, Anastasia Pavlyuchenkova (n°19) a bien cru qu’elle allait devoir plier bagage. Face à la tchèque Andrea Hlavackova, elle est passée à 2 points de la défaite avant de finalement redresser la barre et faire respecter la hiérarchie (4-6 7-6 6-4). Cette maîtrise, Venus Williams n’en a pas fait preuve. Loin de la démonstration de sa sœur, elle a cédé après 3h19 d’une lutte intense face à Urszula Radwanska, sœur d’Agnieszka (n°4), (6-7 7-6 6-4). Autre surprise, l’élimination de Nadia Petrova, tête de série n°11, surprise par Monica Puig qui a 19 ans dispute son premier Grand Chelem (3-6 7-5 6-4 en 2h30).

Chez ses messieurs, il y a également eu du spectacle et notamment lors du match de Gilles Simon. Comme on pouvait s’y attendre l’affiche qui opposait le Français à Lleyton Hewitt s’est transformée en une guerre d’usure et un marathon. Bien dans son match, le vétéran australien prenait rapidement les devants et s’emparait du premier, puis du second set (6-3 6-1). Alors qu’on croyait assister à la première surprise du tournoi, Gilles Simon se réveilla. Très tendu, le Niçois se mit à se battre tant contre sa propre anxiété que contre son adversaire. Profitant d’une baisse physique de l’ancien n°1 mondial, il recollait à deux manches partout (6-4 6-1) et menait même 5-3 dans l’ultime manche. Hewitt réagissait et sauvait deux balles de match avant d’égaliser à 5-5. Un sursaut d’orgueil vain puisqu’il s’inclinait finalement 3-6 1-6 6-4 6-1 7-5 au terme de 3h20 de jeu. « Ca prend du temps de trouver son rythme » s’est excusé Simon. Gageons que cet avertissement lui sera bénéfique.

« Ce sont des moments toujours incroyables dans une carrière que de jouer ici. » s’est réjoui Mickael Llodra. Programmé sur le Central, le pilier du double tricolore en Coupe Davis en a donné pour son argent au public venu garnir les froides tribunes du Philippe Chatrier. Devant son public et sa famille, le Parisien a compilé pas moins de 59 points gagnants pour écarter le Belge Steve Darcis, dans une ambiance proche de l’étuve de Bercy (6-4 4-6 6-1 6-4). Pour son prochain match, Llodra pourrait revenir sur le Central puisqu’il livrera une bataille de serveur, un comble sur terre battue, face au bombardier canadien Milos Raonic (n°16). Egalement sur les courts, Jérémy Chardy ne s’est pas laisser piéger par l’Allemand Benjamin Becker. Après 2 heures de match et 3 sets (6-4 6-2 7-5), le Palois validait son billet pour le tour suivant où il retrouvera l’espagnol Bautista Agut.

En ce dimanche frais et sous un ciel cotonneux, les favoris auront pu se roder quand leurs collègues s’enquéraient de lancer les hostilités. Ce Roland Garros 2013 est bel et bien lancé.

Christopher Buet