• La perche argentée de Lavillenie

    Lavillenie

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    Tendu durant tout le concours, Renaud Lavillenie a échoué, à 5,89 m, lors de la finale des Championnats du monde de Moscou. Il s'incline face à l'Allemand Raphaël Holzdeppe (5,89 mais moins de sauts manqués).

    Grand favori de la finale de la perche masculine, Renaud Lavilleniea été battu par l'Allemand Raphael Holzdeppe. Malgré un record à 6,02 m, le Français n'est pas parvenu à aller plus haut que 5,89 m lors de ces Championnats du monde de Moscou

    Renaud LavillenieEn bout de piste, Renaud Lavillenie demande l'appui du public moscovite. L'instant est crucial mais la réponse de l'assistance est faible. Qu'importe, le tricolore se concentre. Après une dernière inspiration, il s'élance avec sa perche vers cette barre, qui s'est déjà refusée à lui par deux fois. La course est assurée mais manque de fluidité quand Renaud décolle vers son destin. La suspension semble durer des heures mais ce concours n'est pas le sien. Trop court, il heurte la barre et voit s'effondrer avec elle ses rêves de sacre mondial. 

    Alors qu'il avait refusé de regarder le saut de son adversaire, l'Allemand Holzdeppe peut exulter. A 23 ans, il remporte son premier titre mondial, succédant au palmarès au Polonais Pawel Wojciechowski, sacré deux ans plus tôt à Daegu. Le podium est complété par un autre Allemand, le vétéran de 34 ans Björn Otto, vice-champion olympique. 

    Le patron, c'était lui

    Lavillenie au meeting de Londres (6,02 m)

    Pourtant, rien ne laissait prédestiner une telle issue pour le champion olympique de la discipline. Surfant sur son été doré à Londres, Renaud Lavillenie a écrasé toute la saison de sa domination.  

    A Göetborg pour les Championnats d'Europe indoor, il assomme même la concurrence en décrochant le titre et surtout en effaçant une barre à 6,01 m dès son premier essai. La saison se poursuit sur le même rythme avec des victoires à Eugene (5,95 m), Gateshead (5,77 m), Paris (5,92 m) ou Charléty pour les Championnats de France (5,95 m).  

    Le 27 juillet dernier, il monte à 6,02 m (son record) à l'occasion du meeting de Londres. Seuls accros dans cette saison post-olympique marquée par sa rupture avec son coach depuis 2008, Damien Inocencio, une défaite à Lausanne où le vent le fait échouer par trois fois à 5,62 m et une autre à Rome, battu à la régulière par...Holzdeppe (5,86 contre 5,91). C'est donc plein de confiance et d'assurance qu'il se présentait à Moscou pour glaner le seul titre qui manquait à son palmarès. 

    Valentin ne franchi aucune barre

    Valentin Lavillenie en pleursL'entrée en lice du natif de Barbezieux-Saint-Hilaire dans le Poitou-Charentes en qualification laissait présager le meilleur. Décontracté, il passe à son premier essai. En finale, sûr de sa force, il démarre le concours à 5,65 m quand les premiers s'échinaient déjà depuis 5,50. Une entrée tardive qui lui a permis de voir son frère Valentin se décomposer pour sa première en finale mondiale. Auteur d'un saut à 5,65 en plein air cette saison, le cadet (22 ans) n'est pas parvenu à franchir le premier obstacle, échouant à trois reprises. La belle aventure se finissait déjà. Cette élimination précoce pourra être vu comme annonciatrice de ce qui allait suivre.  

    "Je n'arrivais pas à trouver mon saut"

    Car Renaud n'a pas l'air au mieux quand il se présente face au sautoir. Plus emprunté qu'à l'accoutumée, il bafouille son premier essai à 5,65 m avant de finalement remettre les choses dans l'ordre dès le suivant. Sans prêter attention à cet accroc, il fait l'impasse à 5,75 m. A 5,82 m, le même scénario que précédemment se répète. Premier essai cafouillé et deuxième parfaitement exécuté. Renaud n'est pas brillant mais il est là en compagnie des quatre derniers rescapés: trois Allemands (Otto, Morh et Holzdeppe) et le champion du monde 2007, l'Américain Brad Walker

    Premier à s'élancer à 5,89 m, Malte Mohr échoue. Derrière, le tout jeune Holzdeppe (23 ans) s'enroule autour de la barre et la Raphael Holzdeppefranchit dès son premier essai, mettant de fait la pression sur ses adversaires. Juste derrière, Lavillenie tremble un peu et ne parvient pas à imiter le leader du concours. Otto et Walker ne font pas mieux. Holzdeppe peut se reposer, les autres vont devoir cravacher. Dans un beau mimétisme, Walker, Mohr et Otto échouent à nouveau face à 5,89 m. Un sort que le tricolore va partager avec eux. Très au-dessus, il manque de vitesse en transition et retombe sur la barre. La tension monte alors qu'il ne lui reste plus qu'un essai. Si Mohr termine son concours avec un troisième échec, le meilleur performeur mondial de l'année refuse de s'avouer vaincu. Se remobilisant, il s'envole et rejoint Holzdeppe. De rage, il serre le poing et se tourne vers son coach. "Je me suis battu pour l'avoir. Je n'arrivais jamais à trouver mon saut", explique Lavillenie. Sous pression, Walker rate une troisième fois, tout comme Otto qui, aux nombres d'essais, s'offre le bronze. 

    Pérec attendra

    La déception des frères LavillenieBien qu'assuré de remporter l'argent, le Français veut plus. Ici, à Moscou, c'est l'or qu'il est venu chercher. Le mano à mano avec Holzdeppe s'amorce. Face à eux une barre placée à 5,96 m, une hauteur que l'Allemand n'a jamais franchie, son record étant de 5,91 m réalisé cette saison à Rome. A son premier essai, le médaillé de bronze olympique refuse la barre et échoue, son premier échec de la soirée. L'occasion pour Lavillenie de reprendre les commandes. Raté. Le même scénario se produit sur la deuxième tentative des deux hommes. Dos au mur, le Français ne parvenait pas à rééditer l'exploit de l'an passé à Londres où, à son dernier essai, il avait franchi 5,97 m. "Je n'étais pas à mon niveau" s'excuse-t-il après le concours tout en félicitant son adversaire. 

    Champion olympique et d'Europe en titre, Lavillenie laisse filer l'or et ne rejoindra pas Marie-José Pérecau panthéon des athlètes français ayant conquis les titres européen, mondial et olympique. Pour cela, il lui faudra attendre deux ans et les Mondiaux de Beijing en 2015. A Moscou, le ciel est tombé sur Lavillenie comme la nuit sur la capitale. Le retour sur terre est douloureux pour le roi de l'Olympe.


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