• Li referme le conte Bouchard

    Na Li se qualifie pour la finale

    Open d'Australie logo

    Pétrifiée par le stress et l’enjeu, Eugénie Bouchard s’est très logiquement inclinée en demi-finale de l’Open d’Australie contre Li Na (2-6 4-6 en 1h26). À défaut de finale, la jeune Canadienne (19 ans) a pris rendez-vous avec l’avenir.

    « Il était une fois… » Deux victoires de plus et le parcours d’Eugénie Bouchard aurait été un pur conte de fée, un récit comme on ne les raconte que dans les livres, une aventure de celle à faire rêver les enfants et émouvoir les parents. Mais la réalité est plus amère et l’enthousiasmante histoire de la Canadienne s’est achevée, ce jeudi 23 janvier, sous le soleil de Melbourne. Dans la clameur de la Rod Laver Arena, Li Na (N°4) a brutalement refermé le livre au visage de sa cadette (19 ans), la rappelant à sa condition de jeune débutante et lui indiquant que ce monde, celui du dernier week-end en Grand Chelem, n’est pas (encore ?) le sien qu’il recèle des dangers contre lesquelles elle ne peut se défendre.

    Un quart d’heure cauchemardesque

    Li Na dicte le jeu et survole le premier set

    « Ce n'est pas exactement une surprise. Je m'attends toujours à bien faire. Je suis juste contente d'avoir franchi cette étape. Mais je n'en ai pas fini. J'ai un match jeudi. Je l'attends avec impatience », expliquait mardi Eugénie Bouchard juste après sa victoire éclatante contre Ana Ivanovic, quand on l’interrogeait à propos de sa première demi-finale en Grand Chelem. Une réponse traduisant l’immense confiance qui l’habite et son imperméabilité à la pression. Mais entre les mots et le court, la différence est gigantesque et Bouchard allait le mesurer. « J'ai essayé de le prendre comme un match normal, mais c'est plus que ça. C'est plus important de rester concentrée. Je ne jouais pas très bien au début. Je manquais des coups de peu », reconnaissait-elle après le match. C’est peu dire que la grandeur de l’événement à rattraper la jeune femme de 19 ans.

    Pour sa première apparition dans le dernier carré d’un tournoi Majeur, la Canadienne allait vivre un véritable cauchemar. Au service pour entamer la rencontre, elle se faisait immédiatement breaker blanc par une Li Na très agressive qui profitait également de l’absence de première balle adverse. Dès lors, les jeux se mirent à défiler. Parfaitement ancrée sur sa ligne de fond de court, la Chinoise se jouait d’une pression qu’elle connaît bien (triple demi-finaliste à Melbourne, ndlr) et dictait le jeu 

    Eugénie Bouchard prise de vitesse

    avec une facilité déconcertante. Impériale, elle accélérait à sa guise et mettait hors de position son adversaire. Le festival chinois dura 16 minutes au cours desquelles, Bouchard concéda par trois fois sa mise en jeu sans même parvenir à y inscrire un point. « Je l'ai laissé faire ce qu'elle voulait », regrettait la native de Westmount. Ce n’est qu’à 5-0 que la machine Li Na se grippa, un peu. Coupable de deux doubles fautes, la joueuse de 32 ans cédait son engagement et relançait Bouchard. Cette dernière assurait ensuite pour remonter à 5-2 et entrer définitivement dans son match. Pas suffisant, toutefois, pour empêcher Li Na de boucler, après 28 minutes, un premier set parfaitement maitrisé.

    Service en faillite

    L’embellie entrevue à la fin du premier acte se confirmait. Après un premier jeu bien mené, Eugénie Bouchard se faisait violence et s’emparait au bout de 10 minutes intenses du service chinois. « J'ai voulu la mettre un peu sous pression », commentait-elle. On croyait alors que la révélation du tournoi allait remettre ça et refaire le coup des huitièmes de finale et des quarts où elle avait abandonné la première manche avant de renverser la vapeur. L’histoire était belle mais imaginaire et l’euphorie s’estompait dans la foulée. Trop fébrile au service, Bouchard craquait et voyait Li Na recoller à 2-2. C’est alors que commença la faillite des serveurs. Durant 4 jeux consécutifs, aucune des deux joueuses ne parvint à tenir son engagement au bonheur du relanceur adverse.

    Eugénie Bouchard en grande difficulté sur son service

    À 4-3 en sa faveur, la 4ème joueuse mondiale décidait de stopper cet anachronisme et de rétablir l’ordre (5-3). « Tous ses coups du fond du court étaient joués à 30 centimètres de la ligne de fond. Même son service a été très solide. Elle ne m'a pas laissé respirer. J'ai essayé de lui mettre la pression, mais elle a trop bien joué par instants », constatait impuissante Bouchard, lestée d’une abominable réussite au service avec seulement 45% de 1ère balle et un indigent 18% de points gagnés derrière sa seconde balle…

    Des statistiques qui ne pardonnent pas à ce niveau. Avec autorité, Li Na concluait le match à sa première occasion après seulement 1h26 de jeu. « En Chine, nous disons si tu as un mauvais passage et que tu t'en sors, alors tu vas être chanceux », philosophait la lauréate du jour en référence à cette balle de match dont bénéficia Lucie Safarova au troisième tour et qui sortit pour quelques centimètres, permettant à Li Na de survivre. Un coup de pouce du destin qui rappelle celui dont avait bénéficié Roger Federer l’année où il remporte Roland-Garros, quand Tommy Haas laissa filer d’un rien une balle de match en huitième de finale. Grâce à ce succès, Li Na va vivre sa troisième finale à Melbourne Park, la deuxième consécutive (défaite en 3 sets l’an dernier contre Victoria Azarenka, ndlr). Pour enfin décrocher le titre, la Chinoise devra, ainsi, se défaire de Dominika Cibulkova qui a atomisé Agnieszka Radwanska dans l’autre demi-finale (6-1 6-2 en 1h10).

    De son côté, Eugénie Bouchard voit son beau conte australien se clore. Bien que déçue, la joueuse de 19 ans qui intègre le top 20 mondial, refusait de se laisser abattre. « Je ne peux pas m'arrêter à ça, me reposer sur ce résultat. Il faut que je continue à m'améliorer et à regarder vers les prochains tournois », indiquait-elle. Si le conte australien n’a pas connu de fin heureuse, il se présente comme le premier chapitre d’une carrière qui promet assurément. L’histoire d’Eugénie Bouchard ne fait que commencer.

    Christopher Buet


    Tags Tags : , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :