• Le gros globe pour Fenninger

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  • Fenninger savoure son triomphe

    Au terme d’une saison fascinante et indécise marquée par son intense duel avec Tina Maze, Anna Fenninger a ravi le Gros Globe de Cristal grâce à sa victoire dans l’ultime Géant de la saison. À 25 ans, elle devient la 3ème autrichienne à conserver son bien au général après Möser-Proll et Kronberger.

    Fenninger s'effondre dans l'aire d'arrivéeElle n’en a même pas la force. Pas la force de lever les bras, pas la force d’exulter, de crier sa joie d’avoir réussi le plus beau pari de sa jeune carrière. En franchissant la ligne d’arrivée, Anna Fenninger n’a que le réflexe de scruter le tableau d’affichage, d’y avoir ce « 1 » devant son nom, puis de venir s’effondrer dans la neige, là au bas de ce Roc de Fer qu’elle a si admirablement taillé, là dans cette aire d’arrivée où le temps a paru s’arrêter. Du haut de ses 25 ans, l’Autrichienne sanglote la tête posée sur le manteau blanc de Méribel, lâche toute cette pression accumulée, toute cette tension qui lui enserrait le cœur. « J'avais énormément de pression. Mais pas seulement ce matin ! Ça fait des jours, des semaines que ça dure. Parce qu'à chaque course, Tina (Maze) était là », soufflait-elle.

    Maze a compris sa défaiteLa Slovène n’était d’ailleurs pas bien loin encore. Arrivé à peine une minute plus tôt, la skieuse de 31 ans était abasourdie. Retenue par ses seuls bâtons collées à sa poitrine, Maze accusait le coup. Le visage de la belle Slovène trahissait toute sa détresse, celle d’avoir échoué si près d’un second Gros Globe de Cristal, celle d’avoir cédé lors de l’ultime course d’un hiver interminable au terme d’un combat presque irréel avec Anna Fenninger. Hélas pour elle, le rôle de la perdante magnifique lui revenait. Le rôle le plus ingrat, celui qui cause les larmes les plus douloureuses et les peines les plus tenaces. « Anna était simplement trop forte cette saison », tentait la Slovène comme pour atténuer  son désarroi avant d’ajouter : « Sur cette course, je n’ai pas grand chose à me reprocher. Les erreurs, je les ai commises avant dans l’hiver. » La skieuse de Slovenj Gradec pense certainement à ses sorties de piste coupables en géant et en slalom chez elle à Maribor au sortir des Mondiaux de Beaver Creek, ainsi qu’à ce séjour à Äre dont elle revint malade et sans point.

    Maze n’abdique pas

    Fenninger survole le dernier géantDeux absences impardonnables quand on est engagé dans une lutte sans merci avec une rivale aussi exceptionnelle que la Fenninger 2015. Pourtant, Tina Maze a tout mis en œuvre pour croire en ses chances à Méribel. Arrivée en retard au général, cette dernière s’était présentée avec une avance substantielle à l’aube de ce dernier géant de l’hiver, 18 points. Restait à finir le travail et à repousser l’assaut final de la fille de Hallein. Pas une mince affaire surtout que l’Autrichienne excelle dans la discipline où elle reste sur 3 succès de rang (4 cet hiver, ndlr). « Tina est forte. Elle n'est jamais aussi forte que quand les courses sont dures, quand il y a de l'enjeu. Elle adore ça », confessait Fenninger. Une crainte justifiée. Si l’Autrichienne livrait une première manche de gala, la championne olympique se défendait comme une lionne. D’un engagement total, Maze s’accrochait aux skis autrichiens (2ème à 0’’27), regrettant finalement un second acte non-abouti où pour 8 centièmes elle laissait la tête à Eva-Maria Brem avant de voir s’élancer Fenninger.

    « Très, très nerveuse »

    Le doublé d'Anna Fenninger« Aujourd'hui, j'étais très, très nerveuse. Et encore plus au départ de la deuxième manche. Pour moi, il est toujours important d'essayer de rester tranquille. Mon but était donc de me concentrer, de ne penser à faire que ce que je savais faire. Simplement vivre le moment sans penser aux conséquences… », expliquait la jolie brune. Une nervosité vite évacuée sur la piste. Dans le brouillard de Méribel, Fenninger embrasa la piste. Soyeuse, elle enlaça la pente avec grâce, tailla ses courbes avec son habituel délicatesse dans un ski coulé et ravissant. La championne du monde de géant récitait sa partition sans la moindre fausse note, sans la moindre faute de goût. Fabuleuse sur le haut, elle asseyait son triomphe dans le mur et glissait jusqu’à l’histoire. À 25 ans, l’artiste de Hallein rejoignait deux anciennes gloires du ski autrichien : Annemarie Moser-Pröll et Petra Kronberger, en devenant la troisième Autrichiennes à conquérir deux Gros Globe de Cristal d’affilée. « Je suis tellement contente de ma saison. De mes Mondiaux, de mon dernier mois en Coupe du monde qui fut incroyable. Je vis un rêve », s’amuse-t-elle, ivre de bonheur. Digne mais dévastée, Tina Maze venait finalement étreindre la cause de son tourment avant de monter avec elle sur le podium et de la regarder avec souffrance soulever l’objet de tous ses désirs, ce Globe pour lequel elle et on équipe avait tant investi tout l’hiver. Les yeux rougis et dans le vague, la double championne du monde semblait ailleurs, dans ses pensées qui l’interrogent sur la suite à donner à sa carrière à 31 ans (elle doit annoncer en juillet si elle continue ou non, ndlr).

    De son côté, Anna Fenninger n’en finissait plus d’embrasser ce trophée rendu plus beau encore par la bataille épique livrée, tout au long de l’hiver, à l’admirable slovène. Il n’y avait plus là ni fatigue, ni pression, juste le goût délicieux d’une saison étoudissante de suspense achevée sur la plus belle des notes. Le grand cirque blanc tire donc sa révérence avec sa championne autrichienne et les promesses d’un hiver 2016 plus indécis, plus vibrant et magnifique que jamais. Merci Mesdames et à la saison prochaine.

    Podium royal pour la saison 2015

    Christopher Buet


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  • Le duel final entre Maze et Fenninger

    A l’aube de la dernière course de la saison, Tina Maze et Anna Fenninger se disputent encore le gain du Gros Globe récompensant la meilleure skieuse de l’hiver. Si la Slovène possède 18 points d’avance au général, tout reste possible dans ce Géant qu’elles aiment tant.

    Trente-et-une courses pour en arriver là. Trente-et-une courses pour n’être séparées que par 18 malheureux points. Un écart qui confinerait presque au ridicule mais qui donne une saveur succulente à cette dernière ligne droite. Comme en 2005. Il y a déjà dix ans, Lenzerheide est le théâtre des finales du ski alpin et voit deux immenses championnes, Anja Pearson et Janica Kostelic se disputer le gain du gros globe de cristal. En Suisse, la Suédoise débarque en tête lors du Géant final. Malgré une contre performance personnelle (17ème), elle décrochera le précieux objet pour trois petits points face à la Croate.

    Feninger et Maze lorgnent le trôneEn cet hiver 2015, c’est donc à nouveau en Géant que tout va se décider entre l’autrichienne Anna Fenninger, si légère et élégante sur la neige, et la slovène Tina Maze, guerrière polyvalente au mental d’acier. Un duel au sommet entre la tenante du titre et sa devancière en 2013. « Demain, je ne vais pas influer la bagarre entre Anna Fenninger et Tina Maze. J’espère juste me mêler à la victoire finale. Entre Fenninger et Maze, ce sera serré et ce sera un truc incroyable. J’ai énormément de respect pour elles », glisse Mikaela Shiffrin, ambitieuse à l’idée de la dernière course de la saison mais qui se garde bien de donner une favorite quant au classement général. Personne d’ailleurs, à l’image de Lindsey Vonn, ne se hasarde à prendre parti tant l’écart entre les deux skieuses est ténu.

    Fenninger dynamique favorable ?

    Si l’on excepte le slalom de samedi qui voyait Fenninger renouer avec une discipline qu’elle n’avait plus disputé depuis décembre 2011, la dynamique semble toutefois placer l’Autrichienne en favorite. En effet, depuis début février et son sacre mondial en Super G a Beaver Creek, la skieuse de Hallein jouit d’une forme exceptionnelle et ne cesse d’enchaîner les victoires. Ainsi sur les 15 dernières courses qu’elle a disputées, elle cumule 7 succès auxquels il convient d’ajouter 5 podiums. Pire avant samedi et sa 23ème place entre les piquets, Fenninger n’avait plus quitté le Top 10 depuis le 20 décembre dernier et une 11ème place lors de la descente de Val D’Isère. A 25 ans, l’Autrichienne apparaît dans la condition physique de sa vie et surtout pratique un ski proche de la perfection lui permettant de surmonter n’importe quel obstacle.

    Anna Fenninger estirrésistible en 2015De son côté, Tina Maze est plus en retrait. Après une première moitié d’hiver de premier ordre, la championne olympique de descente et de géant a maintenu un excellent niveau de performance mais pâtit du niveau sensationnel de sa rivale. Ainsi depuis la fin des Mondiaux, la skieuse de 31 ans n’a plus connu la victoire, devant se contenter notamment de 6 podiums dont 4 deuxième place. Pas de quoi paniquer Andréa Massi. « Tina était prudente. En revanche, quand elle a lâché ses skis, elle est allée très vite. Elle est en forme », expliquait le patron de l’équipe privée de la volcanique Slovène.

    « Le script est bon »

    En effet, si le suspense perdure, cela tient autant à la régularité insolente de Fenninger dans le succès qu’à quelques défaillances de Maze. A Maribor pour commencer où chez elle, la recordman de points en Coupe du Monde est sortie deux fois de piste, puis à Äre où elle ne marqua aucun point la faute à un virus. « A Are, c’était horrible car j’étais malade. Maintenant, mes problèmes de santé sont derrière moi », positive la Slovène qui nourrit de grands espoirs. « Quand je me sens en pleine forme, je skie différemment. J’espère que je vais réussir le meilleur géant de ma saison. J’ai suffisamment d’énergie pour y arriver », croit-elle. Une embellie constatée dans son attitude sur la piste depuis le début des finales à Méribel. Volontaire comme à son habitude, Maze exprime plus de tonicité et s’engage plus dans ses courbes.

    Maze a confianceCe regain ne sera pas de trop pour faire le match avec la patronne du Géant qu’est Fenninger cet hiver. Avec son ski ciselé et esthétique, cette dernière reste sur 3 succès de rang dans l’exercice (4 sur 7 cette saison). En pleine confiance, la championne du monde n’a cure de sa concurrente et sait que tout dépend d’elle. « Je ne regarde pas ce que fait Tina. Je dois me concentrer sur la course de demain (aujourd’hui) et l’aborder comme une course normale », tranche la brune qui sera certaine de garder son Globe de cristal si elle finit 1ère ou 2ème à condition que Maze ne l’emporte pas. En cas de 3ème place de l’Autrichienne, la Slovène, 4 Top 5 cet hiver, ne devrait alors pas faire mieux que 6ème.

    « Le Géant se situe quelque part entre le slalom et le super G. Or Tina est très bonne dans la seconde discipline et évolue à un très haut niveau dans la premièreLe script est bon. Nous n’allons rien donner à Anna », évalue, pour sa part, Andréa Massi confiant dans les capacités de son athlète de compagne, qui reste pourtant sur une 20ème place en Géant à Äre et une sortie de piste à Maribor. « La nervosité est présente mais il faut rester concentré. J’ai pris les devants mais tout se décidera demain (aujourd’hui) », prévient une Tina Maze alerte. Lors des Mondiaux, les deux jeunes femmes avaient livré un mano-à-mano prodigieux d’intensité et de dramaturgie se départageant à coup de centièmes. Si elles s’étaient partagées les récompenses dans le Colorado (deux or et un argent chacune), à Méribel, rien de tel ne sera possible. Une seule fille aura le privilège d’apposer son empreinte sur le Globe et de graver de second son nom dans le cristal de l’éternité. Trente-et-une courses, pour en arriver là ; d’un Géant à un autre entre deux géantes pas comme les autres.

    Christopher Buet


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  • La joie de Shiffrin

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  • Shiffrin embrasse son 3ème globe

    En remportant le slalom des finales de Méribel, Mikaela Shiffrin n’a pas flanché pour décrocher le petit globe de cristal de la spécialité, le 3ème consécutif. A seulement 20 ans, l’Américaine est déjà intouchable entre les piquets et s’impose comme l’une des plus grandes slalomeuses de tous les temps avant de voir plus grand.

    Dernier effort pour ShiffrinQuelque chose cloche, quelque chose d’autre que le métal qui s’entrechoque sous l’action des supporters dont les encouragements teintent, bruit assourdissant et galvanisant s’élevant depuis le pied du Roc de fer. Sur la pente, Mikaela Shiffrin est à l’œuvre dans ce slalom qu’elle a confisqué depuis l’hiver 2013 et ses 18 ans. Elle, la fille de Vail, la nouvelle princesse du ski américain qui se plaît à danser avec grâce et félicité entre les piquets du monde entier. Pourtant, en cette grise matinée alpine, on peine à la reconnaître. Sur cette pente du Roc de fer, Shiffrin n’a plus rien de féline. Elle est tendue. Tendue comme l’a rarement sentie, elle que l’on voyait encore s’endormir dans la neige une dizaine de minutes avant même sa deuxième manche de slalom victorieuse aux Championnats du monde en février dernier. Le masque derrière les lunettes, les jambes cotonneuses en panne de rythme et d’intensité. La lionne n’était pas en chasse mais chassée par cette peur de tout voir lui échapper. « C’est impossible de contrôler dans une course comme aujourd’hui. J’étais un peu nerveuse, je savais que je pouvais tout rater et ne pas atteindre l’objectif de remporter le globe », convenait-elle. Car avant ce samedi, Shiffrin comptait un matelas plus que confortable de 90 points d’avance (une victoire rapporte 100 points, ndlr) sur sa première poursuivante dans la course au globe du slalom, la Suédoise Frida Hansdotter. Suffisant pour voir venir mais dangereux car à trop assurer, elle en oubliait de faire sa course.

    Hansdotter n'a pas tenuIntouchable dans le final

    Surtout, Hansdotter avait fait tout ce qu’il fallait pour lui mettre la pression en réussissant une première manche pleine avec la 1ère place et 7 centièmes de mieux. « Elle a skié très vite et j’ai vraiment dû tout donner dans cette deuxième manche pour gagner aujourd’hui. Je me suis dit qu’il fallait que j’aille chercher la victoire pour ne pas être frustrée », admettait Shiffrin. Aussi, l’Américaine finit par se libérer. Complètement amorphe sur le haut du tracé et dans la partie médiane, elle laissait vivre ses skis dans le final. Arrondissant moins autour des piquets, sa trajectoire se faisait plus directe et plus agressive. Une attitude plus sauvage et conforme avec sa mentalité. Le résultat ne se faisait pas attendre. En retard sur Zuzulova, leader provisoire à qui elle avait abandonné 69 centièmes pour émarger à +0’’20, la skieuse de 20 ans déchirait le tapis de neige salée de Méribel et reprenait 6 dixième dans la dernière section et coupait la ligne en leader (+0’’40). Pas d’explosion de joie mais un immense soulagement. « J’avais une bonne impression en arrivant en bas », soufflait-elle, assurée de finir au pire à la seconde place. Suffisant pour s’assurer le globe du slalom mais insuffisant pour son appétit. En effet, pour que la fête soit totale, il fallait la victoire au bout. Or un bonheur arrive rarement seul. Dans la grisaille française, Hansdotter voyait son avance fondre et échouait finalement à 5 centièmes de la victoire.

    Du jamais vu depuis 20 ans et Vreni Schneider

    Shiffrin et son 3ème globe de slalom« Frida m’a poussé dans mes retranchements toute la saison. Je suis heureuse avec ce troisième globe. Le début a été difficile mais ça se termine en apothéose », disait Shiffrin ravie. Une dernière victoire pour conclure une saison compliquée dans son engagement mais triomphale dans son dénouement. En délicatesse avec ses réglages, « j’étais un peu en crise en début de saison, je n’en avais pas l’habitude », avouait-elle, Mikaela Shiffrin avait ainsi été privée de podium jusque fin décembre. Trois courses de doute finalement balayée par quatre manches parfaites exécutées à Kuehtai dans le Tyrol, le 29 décembre puis à Zagreb, le 4 janvier. « Nous avons trouvé les bons réglages durant le break de Noël. J’ai beaucoup appris cette saison », assure-t-elle. Dès lors, rien n’allait plus l’arrêter à l’exception de Frida Hansdotter à Flachau. Une éclipse dans une fin d’hiver immaculée où elle aligna 6 victoires en 7 slaloms, devenant au passage championne du monde chez elle à Beaver Creek.

    Grâce à cet enchaînement gagnant, Mikaela Shiffrin a donc embrassé son 3ème globe de cristal en slalom. Une performance remarquable puisqu’elle n’avait été réussie que par deux autres skieuses dans l’histoire : les Suissesses Erika Hess (1981-1983) et Vreni Schneider. Il y a 20 ans, cette dernière, 34 succès en slalom, avait ainsi raflé 4 globes de la spécialité à la suite (1991-1995). Plus fort encore, Shiffrin réalise un doublé inédit en devant la première slalomeuse à cumuler globe et titre mondial deux fois de suite (2013 et 2015). A seulement 20 ans, la native de Vail est une lionne insatiable dans sa forêt de piquets, une championne invincible mue par le seul désir de vaincre et de s’amuser, une grande dame bâtissant implacablement son empire. Un empire fait d’or et de cristal, appelé à perdurer.

    Christopher Buet


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