• Maria Sharapova et Serena Williams avec leurs trophées

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  • L'intense joie de la lauréate

    Open d'Australie logoAu terme d’une finale sous haute tension, Serena Williams est venue à bout de la résistance de Maria Sharapova en 2 manches (6-3 7-6 en 1h51). Avec ce premier sacre australien depuis 2010, l’Américaine ajoute un 19ème Grand Chelem à sa collection.

    J'ai gagnéLa tension était à son comble. Quelques secondes plus tôt, Maria Sharapova avait montré l’étendue de son audace et de sa force en pulvérisant d’un immense coup droit décroisé sur la ligne, la seconde balle de match de Serena Williams, la première dans ce tie-break. La première car l’Américaine s’était détachée à 6-4 après avoir pris sa rivale à contre-pied. Restait alors à conclure ce combat qui n’en finissait plus de gagner en intensité, mettre un terme à cette lutte éreintante, irrespirable. La n°1 mondiale lançait alors la balle et la frappait de toutes ses forces vers l’extérieur. Les bras de la joueuse s’élevaient au ciel avec la clameur d’une Rod Laver Arena en transe. C’était fini. Enfin… c’était ce que tout le monde croyait. Presque gênée, la juge-arbitre annonçait un let. Stupeur chez Serena Williams qui devait immédiatement se reconcentrer et ne pas perde le fil de sa finale. « Je n’étais pas du tout en confiance! Je me suis dit : ‘’Ce tournoi n’est pas pour moi.’’ Après, je me suis demandée : ‘’Tu sers le T ou tu sers extérieur?’’ Et puis, au moment du lancer de balle, je me suis dit de juste frapper le plus fort possible », dévoila-t-elle. Comme sur la précédente, Serena Williams choisissait l’extérieur. Sharapova ne pouvait que regarder le petit projectile jaune fendre l’air, rebondir à l’angle du carré de service et s’aplatir dans les panneaux publicitaires. Ace (son 18ème du match, ndlr), game, set and match. La marque des Grandes. L’Américaine marquait un temps, se retournait vers son clan comme pour être sûre et sourit. Après 1h51 d’une intense finale, elle venait de mettre à bas sa rivale russe et de remporter sa 19ème couronne en Grand Chelem, la première en Australie depuis 2010 contre Justine Henin. « C'est un sentiment incroyable. J'ai été en difficulté toute la semaine passée. Je ne m'attendais vraiment pas à rester aussi longtemps dans le tournoi, et encore moins à gagner », savourait la meilleure joueuse du monde. Une joie d’autant plus grande que Maria Sharapova lui mena la vie dure dans la fraîche soirée de Melbourne.

    Déchaînée comme les éléments

    Serena ne laisse aucun répitIl faut dire que l’affiche promettait. Pour la première fois depuis 2004 et la finale entre Justine Henin et Kim Clijsters, les têtes de série 1 et 2 était au rendez-vous du dernier samedi en Australie. « J’étais plus nerveuse que d’habitude », assurait Serena Williams consciente que ses 15 victoires consécutives et 10 années d’invincibilité contre Sharapova n’avaient pas valeur de certitude. Alors la cadette des sœurs Williams choisissait de prendre d’emblée les rênes de la partie avec un break savamment offert par la nervosité évidente d’une Russe prenant un temps infini à servir. « La clé sera le service de Sharapova pour qu’elle évite de se faire agresser », prévenait avant la rencontre Emilie Loit sur Eurosport. Forte de ce petit avantage, Williams déroulait, jouait de sa puissance pour faire visiter les moindres recoins du central à son adversaire. Mal embarquée, la protégée de Sven Gröneveld décidait d’opter pour une autre approche tactique et entreprenait de varier. Ce fut à cet instant précis que les éléments se déchaînèrent. Déjà menaçant, le ciel de Melbourne douchait l’assistance, obligeant l’arrêt des débats en attendant la fermeture du toit. Un évènement rajoutant à la dramaturgie du jour.

    Cette interruption, certes courte, était fatale à la Russe qui allait encaisser 6 points consécutifs, perdant de second son service, blanc cette fois. L’Américaine de 33 ans ne lui laissait aucun répit et l’obligeait à la perfection sur chaque coup. Débreakée dans la foulée, Serena assommait finalement son adversaire et une manche dont elle avait décidé du rythme et de l’issue sans contestation (6-3) au son d’un « Come on » témoignant de sa détermination. « Je me sentais forte sur le court et je n’avais pas peur d’engager un match physique. J’ai l’impression d’avoir pris ma chance, d’avoir imposé de longs échanges dès que c’était possible mais elle ne m’a pas laissé beaucoup d’opportunités », concédait la n°2 mondiale.

    Sharapova met plus de poids dans sa balle« Le match est devenu très dur »

    L’horizon s’obstruait pour la Russe qui n’avait plus chipé le moindre set à la n°1 mondiale depuis près de 2 ans. Qu’importe, Maria Sharapova n’abdique jamais. En championne, elle durcissait le ton. « C’est quelqu’un qui te pousse toujours plus loin que tu ne le voudrais », glissait-elle. Aussi, débordée dès l’entame du second set, la femme aux 5 Majeurs écartait 2 balles de break et lançait les hostilités avec férocité et autorité. « Le match est devenu très dur. Maria (Sharapova) a commencé à bien mieux jouer, elle était plus agressive. De mon côté, je suis devenue plus passive. J'essayais juste de remettre la balle dans le jeu », confirmait l’élève de Patrick Mouratoglou. « Il fallait ouvrir les angles, jouer profond pour obtenir une balle plus courte de sa part », développait Sharapova. « J'ai aussi commencé à mieux servir parce que je savais que les choses se compliquaient », complétait Williams qui, à 2-2 et menée 0-30, assénait 3 aces pour se sortir de l’ornière. La réponse de la n°2 mondiale ne tardait pas. Toujours plus féroce, elle balançait d’énormes gifles de tout côté allant jusqu’à mettre à genoux Serena. Sharapova en hurlait, faisant retentir son « Come on » dans l’enceinte à présent hermétique de la Rod Laver Arena sous les yeux d’un public ébahit par tant de violence.

    Le service comme principale armePressante, la Russe obtint une balle de break dans le jeu suivant mais la lauréate du dernier US Open ne paniqua pas et s’en remit à son service avec 4 nouveaux aces. « Je n’ai pas eu le sentiment de pouvoir vraiment l’inquiéter sur son service. Quand on se retrouvait à 30-All, 40-30 or 15-30 parfois, elle parvenait toujours à servir très bien », déplorait Sharapova. La Russe ne désarmait toujours pas et faisait parler la poudre quand elle dût envoyer un coup droit monumental sur la ligne pour enterrer la première balle de match américaine (elle réussit 18 coups gagnant dans ce 2nd set, ndlr). Ardeur, audace et conviction, voilà ce qui accompagnait la longiligne blonde en quête d’un 2ème Open d’Australie quand son adversaire se rattachait à sa confiance (27 coups gagnant dans la manche, ndlr) et à la qualité de son engagement. L’issue de ce set ne pouvait plus que se décider au tie-break.

    Joie enfantine

    Serena s'encourageMalgré un premier point brillant, Sharapova se voyait mise sur le reculoir par son opposante. Serrant le jeu, la quintuple championne d’Australie se détachait rapidement 4-1 avec une prodigieuse intensité lisible dans son regard et dans ses encouragements sonores. L’Américaine semblait comme possédée par cette inaltérable volonté de gagner, gagner envers et contre tout, gagner comme pour continuer à exister, à vivre. Le reste appartenait à la légende. Un retour dans le coin, la hargne et le refus de céder de Sharapova puis un ace en deux temps. « Je suis si heureuse », s’enthousiasmait Serena Williams. Après une digne poignée de main avec sa dauphine, la joueuse de 33 ans explosait. Lumineuse, elle sauta partout sans lâcher sa raquette comme une enfant venant d’accomplir son plus grand rêve, comme si c’était sa première victoire en Grand Chelem. Ca ne l’était pourtant pas ou plutôt, c’était la 19ème fois que son rêve se réalisait, faisant d’elle la 3ème joueuse la plus titrée en Grand Chelem et la deuxième la plus âgée à lever le trophée en Majeur derrière Martina Navratilova. « Elle m’a poussé très loin », réagissait-elle au micro le Daphné Akhurst Trophy serré contre elle. Loin des effusions, Maria Sharapova faisait face avec une extrême dignité. « Je n’ai pas gagné contre elle depuis longtemps mais si je vais sur le court, c’est pour affronter des joueuses comme Serena. J’ai eu la chance de pouvoir essayé de la battre et ce n’est pas arrivé (…) C’est dur d’être celle qui rentre à la maison avec le plateau… », finissait par lâcher après être longtemps rester prostrée sur son banc, les yeux dans le vague, la détresse recouvrant son visage. La digne réponse d’une ennemie vaincue par une joueuse de 33 ans, despote magistrale n’en finissant plus d’étendre son règne.

    Maria Sharapova et Serena Williams avec leurs trophées

    Christopher Buet


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  • Sharapova exulte vers les demies

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  • Bouchard complètement désabusée

    Open d'Australie logoRévélations de la saison dernière, Eugénie Bouchard et Simona Halep ont été corrigées, la nuit dernière, en quart de finale de l’Open d’Australie. Deux défaites cinglantes portant le sceau des taulières du tennis russe : Maria Sharapova et Ekaterina Makarova.

    Bouchard a la tête basseLes visages sont fermés, tristes et renfrognés. Les yeux rivés à un sol dont ils ne peuvent plus se décoller. La démarche est voûtée par l’abattement. A quelques heures d’intervalle, sur la même scène de la Rod Laver Arena, Eugénie Bouchard et Simona Halep ont tiré leur révérence, cachant derrière une certaine dignité la gêne occasionnée par la qualité de leur prestation. Renvoyées à leurs chères études comme des gamines n’ayant pas su réciter leurs leçons et ayant reçu une fessée mémorable de leurs parents. Car, c’est belle fessée que leurs aînés russes, Maria Sharapova (27 ans) et Ekaterina Makarova (26 ans) ont infligé aux deux jeunes filles (respectivement 20 ans et 23 ans, ndlr). Une de ces corrections qui laisse des marques rouges sur le corps et des maux dans le cœur. « C’était un mauvais jour », lâchait sans expression la Roumaine. De son côté, la Canadienne donnait dans le laconique : « Je ne suis jamais heureuse de perdre. » Rien de plus légitime pour la perfectionniste de Montréal, d’autant plus quand la défaite se veut aussi lourde.

    « Sous pression toute la partie »

    On attendait pourtant énormément de ce quart de finale face à l’impératrice de Sibérie. Doux choc aux relents d’ocre convoquant le souvenir de cette demi-finale intense qui avait opposé les deux protagonistes à Roland-Garros en juin dernier et dont la Russe était sortie victorieuse. Pourtant, les attentes allaient vite être dissipées par la tournure des événements. Egale à elle-même, Maria Sharapova faisait hurler sa puissance. « Je me suis sentie sous pression toute la partie. Je n’ai pas bien commencé et tout s’est enchaîné négativement ensuite… J’aurais dû être capable de m’en sortir, rentrer dans le terrain et finir les points quand j’avais des balles courtes. Contre des joueuses de ce calibre, vous devez profiter de la moindre ouverture et je ne l’ai pas fait », exposait sans chercher d’excuse la demi-finaliste 2014. Sans cesse pris de vitesse par la balle adverse qui se régalait de ses services trop tendres, Bouchard en était réduite à de la figuration.

    Les gifles de SharapovaD’habitude si confiante et régulière, l’ancienne élève de Nathalie Tauziat était penaude et enchaînait les erreurs, à l’image de ce premier set, perdu 6-3, où incrédule, elle en commettait 20 (30 au total, ndlr). « Si j’ai moins de temps, j’ai tendance à prendre plus de risques et je fais plus d’erreurs. Je crois que c’est la raison pour laquelle, j’ai fait tant de fautes directes aujourd’hui… », convenait-elle. En effet, la n°2 mondiale russe s’est évertuée à étouffer les intentions de sa jeune opposante. « Je ne crois pas avoir eu beaucoup de baisse de régime dans ce match. Et quand ça m’arrivait, je me suis montrée capable de sortir une grosse première balle ou un excellent retour », appréciait la quintuple lauréate de Grand Chelem. Comme un symbole, Sharapova forçait son destin dans une deuxième manche archi-dominée face à une Bouchard toujours plus agacée et désabusée. A 2-1 d’abord pour mettre la tête dans le sceau de la 7ème mondiale  par la grâce d’hargneux retours, puis à 5-2 avant de conclure sur deux immenses gifles de coup droit long de ligne et dans la grande diagonale. Comme en 2012 et 2013, Sharapova s’invitait en demi-finales à Melbourne. Une qualification qu’elle avouait devoir à son père, qui l’avait bien sermonnée à l’issue de son 2nd tour où elle avait entrevu la défaite contre sa compatriote Alexandra Panova.  « Dans une version plus soft, ça ressemblait à ça : ‘’C’est inacceptable. Tu as travaillé plus dur que jamais. Si tu étais un peu plus intelligente, tu aurais fais les choses un peu différemment et peut-être que ça aurait été plus facile. Je ne comprends pas pourquoi tu souffres autant pour rien. Rends-toi les choses simple.’’ Il avait totalement raison », s’amusait-elle.

    Makarova file en demieMakarova aime le dernier carré

    Sur la route de sa 4ème finale australienne, Maria Sharapova affrontera sa compatriote Ekaterina Makarova. Les deux joueuses se connaissent bien puisque la première a mis fin à l’aventure de la seconde à Melbourne Park en 2012 et 2013, à chaque fois en quart de finale. Pour s’offrir cette troisième confrontation à l’Open d’Australie, la Moscovite, qui intégrera le Top 10 lundi, savait qu’elle allait devoir se montrer entreprenante face à Simona Halep, une adversaire qu’elle n’avait jamais dominée. « J’ai essayé d’être solide et de jouer mon jeu. C’est une adversaire contre qui j’avais perdu il y a deux ans (à New Haven en 2013, ndlr). Elle ne rate pas beaucoup et nous avions fait de longs et durs échanges. Donc, j’ai essayé d’être plus agressive », expliquait la 11ème mondiale. Concentrée et appliquée, la gauchère était bien aidée par une Roumaine méconnaissable. Rarement, cette dernière aura paru aussi dépassée par les événements, comme tétanisée. « Je ne sais pas si je peux parler de pression, je ne crois pas. J’étais juste un peu trop stressée. Je ne comprends pas trop pourquoi car j’ai l’expérience des quarts de finale depuis l’an passé. Aujourd’hui, je ne sentais pas mon jeu comme la balle… », déclarait la finaliste de Roland-Garros et du dernier Masters.

    Halep, dépassée par les événementsLe paroxysme fut atteint au cours de la 2nde manche. « Je crois qu’elle était déboussolée. Elle ne savait plus quoi faire », témoignait Makarova. « Je n’y croyais plus. Je ne me battais pas bien, j’avais perdu ma concentration », confirmait son adversaire qui encaissait un sévère 6-0 au bout de sa 31ème faute directe. Une gifle qui clôturait sa campagne australienne, là où elle s’était refermée la saison dernière, après seulement 1h09 de jeu.

    Au lieu de deux grosses batailles, ces quarts de finale auront été des démonstrations de force et de maturité. De quoi envisager une belle empoignade dans cette première demi-finale entre Russes depuis 2009 (Safina avait battu Zvonareva, ndlr), même si Sharapova ne s’est jamais inclinée en 5 confrontations contre Makarova.

    Christopher Buet


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