• Victoriza Azarenka navigue à vue

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  • Central Arthur Ashe

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    Alors que la concurrence s’exacerbe dans le tableau féminin, plusieurs joueuses majeures apparaissent fragilisées à l’aube de l’US Open. De Serena Williams à Eugénie Bouchard, une partie des favorites questionne.

    Fini les pitreries, chacun est appeler à ranger son sot de glace, d’arrêter d’alimenter cette sotte mode givrée (honnêtement si vous voulez participer à la lutte contre la maladie de Charcot, faites-le mais pas comme ça) et de revenir sur le court pour cette rentrée new-yorkaise. L’heure n’est plus aux enfantillages du côté de Flushing Meadows mais bien au grand défilé, celui qui vient clore la tournée du Grand Chelem. Et si la grande fête se prépare dans les coursives nord-américaines, sur les courts, ses dames auront la tâche ardue. En cette fin de saison, de nombreux maux accompagnent les meilleures joueuses du monde et cet US Open se veut l’occasion d’exorciser ces démons qui hantent jeux et corps.

    Serena joue avec l’histoire

    New York l’a abandonnée sautant comme un cabri, un large sourire barrant son visage et le trophée serré tout contre son corps à l’issue d’un combat titanesque face à sa dauphine de l’époque Victoria Azarenka. Une finale renversante et stupéfiante figurant à présent au panthéon de l’US Open. En ce mois de septembre 2013, la n°1 mondiale paraissait intouchable, irrésistible machine à gagner auréolée de son 17ème titre en Grand Chelem, le troisième conquis en 2013. 

    Serena Williams rugit encore

    Pourtant, cette saison fabuleuse n’a pas trouvé le prolongement attendu. Un an après, la protégée de Patrick Mouratoglou n’exerce plus la même peur sur ses adversaires. Loin de ses standards, l’Américaine a bien glané 3 nouveaux trophées dont Rome et Miami mais a peiné en Grand Chelem. Pire, en juillet à Wimbledon, elle se faisait sortir dès le 3ème tour par Cornet avant, incapable de servir, d’abandonner en double et de sortir en pleurs.

    Un naufrage physique et psychologique qui n’annonçait rien qui vaille pour la suite de sa saison mais la n°1 mondiale n’est pas du genre à renoncer sans se battre. Il lui a fallu un mois pour tout remettre en ordre dans sa tête et son tennis. Résultat, deux titres à Stanford et Cincinnati entrecoupé par une défaite en demie à Montréal contre sa sœur Vénus. « L'enchaînement des matchs m'a fait du bien, car je n'avais pas finalement tellement joué cette année. D'un point de vue technique, tout devrait bien se passer », glisse-t-elle. Bien que la cadette des Williams arrive dans de bonnes dispositions, elle sait que rien n’est joué. « C’est une nouvelle semaine. Les deux semaines qui viennent, je vais devoir mettre tout en ordre pour, je l’espère 7 matches. Si j’y arrive, j’aurais une bonne chance de figurer longtemps dans le tournoi », croit-elle. Il lui faudra bien toute sa concentration pour tenter de rejoindre Martina Navratilova et Chris Evert dans la légende avec 18 couronnes en Grand Chelem et réussir la passe de trois à New York, chose qui ne s’est plus produite depuis 37 ans et…Chris Evert quadruple lauréate entre 1975 et 1978.

    Kvitova veut confirmer

    Et c’est peu dire que le parcours sera semé d’embûches pour la joueuse de 33 ans à qui le tirage à réserver de bien mauvaises surprises avec une partie haute de tableau explosive. Tête de série n°3, Petra Kvitova s’impose comme la menace principale de l’Américaine. Pensionnaire du Top 10 depuis sa révélation en  2011, la Tchèque a longtemps plafonné, incapable de discipliner ce jeu offensif pétaradant fait d’énormes prises de risque, jusqu’à cet été. Sur son 

    La détermination de Kvitova qui veut confirmer après Wimbledon

    gazon chéri de Wimbledon, Kvitova est redevenue la joueuse injouable qu’elle fut 3 ans auparavant et a fait pleuvoir les éclairs pour s’offrir son second Majeur.

    Une simple tempête où un phénomène bien plus durable pouvant la conduire vers les sommets qu’on lui promettait ? Si Kvitova se dit plus mûre et plus apte à gérer l’après-Wimbledon, la « fausse patte » de Bilovec veut joindre les actes à sa parole. Pas en rythme à Montréal et Cincinnati pour son retour à la compétition, elle s’est rassurée en écrasant la concurrence à New Haven. « Ces semaines-ci (Montréal et Cincinnati, ndlr) ont été compliquées pour moi. Mais, dès le premier match ici (à New Haven, ndlr) j'ai été solide. C'est important pour moi juste avant l'US Open. Je vais savourer ce titre mais dès demain je vais devoir penser à Flushing », admet-elle. En pleine confiance et pour vaincre ses démons, Kvitova compte bien faire résonner de nouveau « son » tonnerre du côté de Flushing Meadows où elle n’a jamais franchi le cap des huitièmes de finale. L’opération confirmation passera déjà par un 1er tour piégeur contre la jeune française Kristina Mladenovic (21 ans) qui avait surpris Na Li dès son entrée en lice à Roland-Garros.

    L’ombre d’Azarenka

    Si d’aventure, Kvitova parvient à rallier les 8ème comme en 2009 et 2012, elle devrait retrouver sur sa route Victoria Azarenka. Tout du moins si la finaliste de l’an dernier réussi à se remobiliser. En effet, la Bélarusse n’a plus rien de celle qu’elle était, voilà encore un an quand elle avait vigoureusement chahuté Serena Williams avant d’être brisée. 

    Victoriza Azarenka navigue à vue

    Aujourd’hui encore, le spectre de ce revers la tourmente. Blessée au pied en quart de finale de l’Open d’Australie, elle n’a disputé que 5 matches depuis pour une minuscule victoire contre Lucic-Baroni au 1er tour de Wimbledon. Déjà en manque de rythme et de confiance inhérent à la répétition des matches et des succès, la native de Minsk s’est (encore) légèrement blessée au genou droit à Montréal l’obligeant à décliner sa présence dans l’Ohio la semaine suivante.

    Une préparation loin d’être idéale à l’heure de débarquer sur les rives de l’Hudson. « Je ne crois pas qu’elle ait pu s’entraîner aussi dur qu’elle l’aurait voulu. Je ne crois pas qu’elle ait joué autant de matches qu’elle l’aurait aimé. Mais l’essentiel, c’est qu’elle a déjà gagné des Majeurs, qu’elle est jeune et surtout qu’elle a envie », suggère John McEnroe. « J’ai fait la meilleure préparation que je pouvais. J’ai essayé de tirer le meilleur de chaque journée. Alors nous verrons bien ce que ça donnera », indiquait pour sa part Azarenka dont on perçoit que la flamme intérieur brûle encore intensément. Même en délicatesse avec ce diable au corps, cette dernière est l’une des rares à pouvoir inquiéter Serena Williams aiguille McEnroe. « Azarenka est une joueuse qui est persuadée et ce plus que n’importe qui, qu’elle est capable de lui faire mal (…) Je crois qu’elle peut faire quelque chose ici », insiste le quadruple vainqueur de l’US Open. Avec 3 premiers matches abordables, Azarenka peut engranger la confiance qui lui manque et prétendre à de grands desseins.

    L’interrogation Bouchard

    Egalement placée dans le haut du tableau, Eugénie Bouchard jouit d’une première semaine clémente. Une bonne nouvelle ternie par le niveau actuel de la 8ème mondiale. Révélation de l’année avec deux demi-finales à Melbourne et Paris ainsi qu’une finale à Wimbledon, la terreur des Grand Chelem 2014 accuse le coup au cœur de l’été notamment physiquement.

    Eugenie Bouchard est dans le dur

    En effet, son corps l’a trahi peu après sa finale londonienne et l’a contraint à deux semaines de repos forcé. Avec le genou qui grince, c’est tout l’édifice canadien qui s’est fissuré. Moins bien préparée et moins en phase avec son jeu si exigeant dans l’anticipation, Bouchard s’est effondrée d’entrée, chez elle, à Montréal, encaissant deux bulles sous le poids de la pression populaire (0-6 6-2 0-6). Plus inquiétant encore, ce nouvel échec la semaine suivante toujours au 1er tour avant une légère alerte aux ischio-jambiers à New Haven (défaite face à Stosur au 2nd tour, ndlr). Consciente de ses errements, Bouchard refuse tout fatalisme et cherche à se montrer positive. « J’ai intensifié mes présences depuis mon arrivée hâtive à New York et je ne porte plus le bandage. C’est de bon augure pour mon premier match », rassurait-elle avant d’étaler son inébranlable détermination « On ne peut pas jouer son meilleur tennis chaque semaine, toutes les grandes championnes passent par là. Moi, je reste confiante. Et cette confiance, je l’ai acquise quand j’étais toute jeune. J’ai toujours été une perfectionniste. Je veux toujours gagner et devenir la meilleure. Je n’y suis pas encore rendue… Je me sens d’attaque et bien disposée à retrouver le chemin de la victoire. »

    Du haut de ses 20 ans, Eugénie Bouchard a du culot et se battra comme une diablesse sur le ciment new-yorkais où elle aura son mot à dire. Avec tant de joueuses majeures en proie aux doutes, c’est un Grand Chelem aux doux airs d’exorcisme qui s’ouvre donc à Flushing Meadows.

    Christopher Buet


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  • La tranquillité de Federer

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  • Federer a fourbi ses armes

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    En l’absence du tenant du titre Rafael Nadal et devant la méforme actuelle de Novak Djokovic, Roger Federer apparaît comme le favori de cet US Open. Après un début de tournée américaine réussie, le Suisse rêve de reconquérir Flushing Meadows, six ans après son dernier triomphe new-yorkais.

    C’était hier et pourtant, ça semble déjà une éternité. Il est fou de constater à quel point le temps file et comme cette image d’un Roger Federer s’effondrant au filet du court Arthur Ashe dans la soirée d’une journée de septembre 2008 paraît loin. Il y a six ans, le Suisse affrontait Andy Murray en finale du Majeur américain et triomphait pour la 5ème année consécutive à New-York.

    Federer s'effondre en remportant l'US Open 2008

    Cinq années à truster le haut de l’affiche dans le théâtre démesuré de Flushing Meadows. Un succès insolent pour une étoile brillante comme jamais au dessus du circuit ATP. Pourtant depuis cette date, la grande pièce new-yorkaise ne sourit plus au Bâlois. Certes sa Majesté a enrichi son palmarès de 4 titres du Grand Chelem portant son total à 17 (record) mais plus jamais il n’a brandi l’US Open Trophy. En effet, voilà 6 longues années que ce dernier se refuse à lui et qu’il a dû céder sa place au centre de la scène new-yorkaise, la faute à l’impudent Del Potro en 2009, l’inénarrable Novak Djokovic en 2010 et 2011 ou encore le Tchèque mécanique Tomas Berdych en 2012. Des déconvenues honorables au regard du scénario offert la saison passée. Tiraillé par ses ennuis dorsaux et la confiance en berne, le Suisse voyait le rideau s’abaisser pour lui dès les 8ème de finale contre Tommy Robredo, contre qui il n’avait perdu qu’un set en 9 affrontements. « La confiance avait disparu si vite, simplement parce que je ne bougeais pas bien. J’étais effrayé à l’idée de me blesser au dos », analyse-t-il aujourd’hui.

    La forme est revenue

    Un an après cette pathétique représentation, symbole d’une saison 2013 calamiteuse marquée par un physique grinçant et une confiance ébranlée, Roger Federer brûle de désir de retrouver la lumière de la scène où il a émerveillé les spectateurs hurlants de l’US Open. Pour y parvenir, l’ancien n°1 mondial a remis de l’ordre dans sa penderie et recouvrer ses habits d’apparat d’où se dégage un halo de sérénité. « Je suis en grande forme. Je me sens tellement mieux que l’an passé », se réjouit Federer dans Sports Illustrated avant de renchérir. « Je peux jouer vers l'avant, et lorsque je décide de reculer et de jouer avec plus de sécurité, c'est par choix et non par obligation. C'est là encore un énorme changement par rapport à l'an dernier. »

    Federer est prêt

    Un état de fraicheur qui lui a permis de briller durant la tournée nord-américaine. Finaliste au forceps du côté de Toronto où il avait été fessé par un Jo-Wilfried Tsonga déchaîné et retrouvé, le 3ème mondial s’est montré étincelant à Cincinnati, remportant là-bas son premier titre important depuis…Cincinnati en 2012, son 22ème en Masters 1 000 et le 80ème de sa carrière. « Je crois que je joue du bon tennis en ce moment. J’aurais pu ne pas aller jouer à Cincinnati et me rendre à l’(US) Open en pensant avoir de bonnes chances. Maintenant, je me sens bien mieux. J’arrive avec énormément de confiance (…) Mon jeu est exactement là où je veux qu’il soit », assure un Federer radieux.

    McEnroe vote Djokovic

    De retour à son meilleur niveau physique et très consistant dans le jeu, le finaliste du dernier Wimbledon n’a plus peur de se présenter sur scène et de livrer ses récitals comme naguère. Une confiance d’autant plus grande que ces adversaires ne présentent pas les mêmes garanties à l’heure de monter sur le court cimenté de Flushing Meadows. Principal rival, Novak Djokovic n’est plus que l’ombre du joueur qui avait éteint Roger Federer en finale à Londres en juillet. « J'ai mis du temps à me remettre en mode compétition. J'ai vécu six dernières semaines uniques avec mon mariage, mon titre à Wimbledon, la place de N.1 mondial. Je ne pouvais pas espérer plus », Quand je suis retourné jouer à Toronto et Cincinnati je me suis senti émotionnellement un peu plat. Probablement à cause de tous ces événements et expériences qui ont pris le meilleur sur moi et j’avais besoin de temps. Malheureusement, je n’ai pas été capable de jouer à mon meilleur niveau sur ces deux grands tournois », avance celui qui a atteint les quatre dernières finales à New-York. Un trop plein d’émotions qui pourrait jouer contre lui à l’heure des derniers tours. Malgré cet été mouvementé, John McEnroe veut croire que le protégé serbe de Boris Becker conserve un avantage sur celui de Stefan Edberg. « Ça se joue en cinq sets, Novak est plus jeune, il peut mieux tenir la distance physiquement à ce niveau du tournoi. Un petit peu mieux. Ça dépendrait aussi de leurs précédents matches, de ce qu'il leur reste dans le réservoir », confie le quadruple vainqueur de l’US Open, convaincu que Djokovic « sera prêt ».

    Federer en rêve à nouveau

    « J’ai hâte d’y être »

    Surtout, l’étoile de Belgrade va devoir offrir le meilleur de lui-même pour espérer atteindre la finale avec un tableau avec Garcia-Lopez en embuscade au 3ème tour avant la promesse d’un quart de finale contre Tsonga ou Murray, deux joueurs affamés enfin de retour aux affaires après des ennuis physiques, et une demi-finale hypothétique contre son bourreau australien Stanislas Wawrinka ou le bombardier canadien Raonic. Guère évident quand Federer jouit d’un parcours bien plus calme même s’il lui faudra se méfier du jeune Dimitrov, demi-finaliste à Wimbledon et de moins en moins tendre au plus haut niveau, ou des coups de chaud de joueurs comme Monfils ou Berdych. Pas de quoi, toutefois, effrayé celui qui va marquer encore un peu plus l’histoire du jeu.  « Federer va disputer son 60e tournoi du Grand Chelem d'affilée, c'est en quelque sorte héroïque. Ça ne doit pas être sous-estimé », rappelle McEnroe admiratif devant la régularité du maestro bâlois.

    Sûr de son jeu et en pleine possession de ses moyens, l’ancien n°1 mondial qui vient de retrouver la saveur d’un titre important, entend bien humer à nouveau le parfum enivrant de la victoire en Grand Chelem. « Roger est un éternel optimiste. Cette année, il a montré que son corps avait rajeuni et qu’il avait l’énergie et la capacité de s’ajuster au mieux », met en exergue le journaliste de Tennis Channel Justin Gimelstob. « J’ai hâte d’être à New-York », n’a cessé de répéter l’intéresser, ses derniers jours. Six ans après, Roger Federer est prêt à jaillir des coulisses et à électriser la foule bruyante sur la plus grande scène du circuit pour conquérir son 18ème Grand Chelem. Que le rideau se lève.

    Christopher Buet


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