• Le Tour envahi la Rue de Rivoli

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  • Le Tour envahi la Rue de Rivoli

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    Enfiévré par la course féminine du début d'après-midi et par le soleil estival irradiant la capitale, le public parisien trépigne à l'approche du peloton du Tour de France et de ses héros du mois de juillet qui vont refermer la parenthèse enchantée de cette 101ème Grande Boucle.

    Après avoir paradées et enthousiasmées les spectateurs venus nombreux en ce dimanche après-midi, Marienne Vos et ses suivantes ont pris congé des Champs-Elysées. Un mouvement imité quelques temps plus tard par l'imposante caravane publicitaire du Tour. En effet, ces deux évènements n'étaient en réalité que des divertissements destinés à annoncer le véritable spectacle, celui du peloton du Tour de France et de ses coureurs. A plusieurs dizaines de kilomètres de là, les héros de juillet embrayaient tranquillement non sans avoir sabré le champagne pour la formation Astana de l’éclatant maillot jaune Vincenzo Nibali, leader romantique à l’insondable humilité qui aura su conquérir les cœurs des observateurs et des amateurs, et pris quelques photos comme celle réunissant les quatre maillots distinctifs : le jaune pour l’Italien, le vert du classement par points de Peter Sagan, celui à pois rouge du classement de la montagne de Rafal Majka et enfin le blanc du meilleur jeune propriété de Thibaut Pinot. Un habituel avant-propos du podium final où ces hommes iront saluer la foule et graver leurs noms dans l’éternité du Tour de France.

    La patrouille de France salue le peloton sur les Champs

    Avant cela, restait à bien finir le travail. Avec un peu de retard sur l’horaire prévu, le peloton faisait son entrée dans Paris et déchainait l’hystérie. Vers 18h08, la formation Astana sortait de l’ombre du tunnel et déboulait au bout d’une rue de Rivoli, assaillie de toute part jusque sur les balcons où drapeaux et spectateurs avaient fleuri. « Les voilà ! Les voilà ! », s’écrie un supporter qui est venu, pour la première fois, voir une étape de la Grande Boucle depuis le bord de la route. Une douce frénésie, résultante logique d’une intense attente, agite le trottoir comme une mer ondulant sous l’effet de la brise vigoureuse d’Eole. La masse formée par les coureurs s’avance et passe telle une bourrasque sous les cris énamourés. Si tout le monde est encouragé, Thibaut Pinot et son maillot blanc ont droit à plus d’attentions comme les autres coureurs tricolores que le peuple français souhaite remercier pour les émotions procurées au long de ces trois semaines de courses. Au passage sur la ligne, la patrouille de France y va de son salut déchirant le ciel pour le peindre en bleu, en blanc et en rouge. La fête du cyclisme français et de ses héros se doit être belle. L’instant est furtif, éphémère mais intense. Surtout, il va se répéter (sauf le passage des avions) car la beauté de cette dernière étape veut que les coureurs arpentent à 8 reprises le parcours parisiens. « C’est quand même un grand moment », souffle Adrien Petit dans L’Equipe. Une douceur que certains vont savourer en s’offrant une dernière offensive à l’image de Sylvain Chavanel, premier attaquant, ou du vénérable Jens Voigt qui faisait probablement ses adieux au Tour de France à 42 ans.

    Cheng Jie en triomphe

    Cheng Jie concède un tour

    L’arrivée sur le circuit parisien marquait également la reprise des choses sérieuses. Triompher au bas de la plus belle avenue du monde est un privilège rare qu’aucun sprinteur ne veut snober. L’allure s’est durcit et les spectateurs voient passer les coureurs comme des éclairs. La tension grimpe et manque de réduire à néant les efforts de Jean-Christophe Peraud qui chute place de la Concorde. Un frisson parcoure le peuple français qui entreprend de se froisser les cordes vocales pour accompagner le contre-la-montre par équipe dans lequel s’est lancé la formation AG2R La Mondiale pour ramener le deuxième du général dans le peloton. Tout rentra rapidement dans l’ordre pour les Français, à la différence du pauvre Cheng Jie. Déjà dernier du classement général, l’unique représentant de l’Empire du Milieu allait honorer contre sa volonté son statut de lanterne rouge. Touché suite à une chute, le coureur de la Giant était rapidement décramponner du peloton. Isolé devant la voiture balai, le Chinois se battait et recevait les encouragements vigoureux et attentionnés des fans. S’il était seul sur son engin de torture à deux roues, il ne l’était pas vraiment dans ces rues parisiennes d’habitude si peu hospitalières avec ceux qui traînent leur peine. Tenace, Cheng Jie mit un point d’honneur à devenir le premier chinois à boucler la Grande Boucle en 111 ans d’histoire, non sans concéder (fait rarissime) un tour au reste d’un peloton qu’allait régler, au sprint, Marcel Kittel…son coéquipier chez la Giant-Shimano. Loin des lauriers et de la gloire de l’Allemand, le porteur d’eau chinois avait gagné sa course, celle menant aux cœurs et ravissant l’histoire.

    Les maillots distinctifs 2014

    C’en était terminé de ce Tour 2014. Pas tout à fait terminé finalement puisque la foule entamait une dernière marche vers le bas des Champs-Elysées où se tenait l’éternelle cérémonie protocolaire. La musique du Tour retentissait alors avant que Daniel Mangeas n’entonne, pour la dernière fois de sa carrière riche de 40 années et plus de 870 étapes, le nom des grands héros de cette 101ème édition : Nibali qui entouré de Jean-Christophe Peraud et Thibault Pinot savourait le chaleureux hymne italien. Les deux Français allaient également revenir sur l’estrade le premier avec toute sa formation pour le classement par équipe, le second (deux fois) en blanc pour les Jeunes et les maillots distinctifs. « C'est toujours trop court ! », s'exclamme un spectateur vêtu d'un maillot à pois. « Je resterai bien assis là. On est bien », rétorque un autre observant depuis les Tuileries la cérémonie protocolaire. Cependant, toutes les bonnes ont une fin, le Tour de France également. Le rendez-vous de juillet se refermait et Paris allait être rendu à lui-même par cette foule vibrante et énamourée emplie de souvenirs et de rêves qui attend déjà impatiemment l’année prochaine pour revenir en ce lieu de tradition, de partage et d’histoire.

    Christopher Buet


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  • Honneurs aux filles

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  • Le Tour envahi la Rue de Rivoli

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    Après trois semaines de course effrénée, de rebondissements, d’efforts, les coureurs du Tour de France sont arrivés à Paris pour clore cette édition 2014 de la Grande Boucle. Pour les accueillir une foule nombreuse, colorée et fanfaronnante s’était massée le long des avenues de la capitale au cours d’une après-midi enjouée et ensoleillée.

    C’est une tradition, un rendez-vous que l’on se plaît à honorer chaque année alors que juillet étire ses derniers jours et fait profiter de ses derniers rayons de soleil. Alors que le 7e mois du calendrier prépare sa révérence, Paris se pare de ses plus beaux atours et de ses derniers artifices estivaux. En son cœur, le temps s’est arrêté l’espace d’une journée repoussant citadins et surtout automobilistes braillards et inconvenants en lisière. La Seine et une partie de ses quais ont été réservés, rendus à la population se massant le long des barrières installées pour l’occasion. Les trottoirs ne servent plus à circuler, ils deviennent un point d’ancrage, un lieu de fête et de partage où chacun discute et rigole pour tromper l’attente, celle d’un cortège véhiculé encadrant une centaine d’hommes montés sur leurs machines cyclistes, une centaine de héros qui depuis trois longues semaines sillonnent les routes de France et s’en vont mettre un terme à leur périple vertueux dans la capitale française sur les pavés des Champs-Elysées en contrebas de l’Arc de Triomphe, symbole, bien nommé, des campagnes glorieuses, comme un écho à cette Grande Boucle, de l’Empire napoléonien.

    Honneurs aux filles

    Les filles ouvrent la route

    Avant cette arrivée triomphale sur cette avenue majestueuse où une dernière âpre bataille se déroulera entre les gladiateurs acharnés et musculeux du sprint pour une victoire de prestige, les coureurs du Tour de France devaient effectuer leur parade annuel au départ d’Evry en se dirigeant gentiment vers l’entrée sud-ouest de la capitale française. En attendant d’apercevoir les roues du peloton et ses artistes de la route, les organisateurs avaient prévu de quoi faire allégrement patienter le public. Si les hommes s’étaient évertués à faire vibrer les suiveurs de la plus prestigieuse des compétitions cycliste du monde, les femmes allaient s’échiner pour les imiter. Privées de Grande Boucle depuis 4 ans, ces dames avaient été invitées en ouverture de la grande fête du cyclisme tricolore. Dans une course inédite, l’élite féminine se voyait offrir près de 89 km de plaisir dans les rues parisiennes sur le même circuit que celui de leurs homologues masculins. Une façon originale d’ouvrir le bal et surtout la chance de montrer de quoi sont capables les femmes.

    Si l’assistance se faisait quelque peu désirer avec un paysage clairsemé, les championnes du peloton offraient un spectacle de très bonne facture, nerveux et enlevé. Comme les hommes, plusieurs téméraires tentaient de s’extirper du paquet pour tenter d’aller remporter la victoire en solitaire, à l’image de Pauline Ferrand-Prévost qui sortait seule dans les 5 derniers kilomètres. La Championne de France avait des ailes avec son maillot tricolore surfant sur sa brillante saison 2014 (4 titres nationaux en VTT, cross-country et sur route en contre-la-montre et en ligne, ndlr). Un coup d’épée dans l’eau pour celle qui allait toutefois marquer la fin de course.

    La chute de Pauline Ferrand-Prévost

    Si sa fuite fut vite étouffée, elle se signalait rue de Rivoli. Là, à 50m de la flamme rouge alors que ses équipières de Rabo-Liv emballait le final pour le futur succès de Marianne Vos, la Française ne pouvait éviter son adversaire devant elle qui venait d’accrocher une barrière. Dans un bruit sourd de carbone, Ferrand-Prévost allait tâter le bitume parisien et provoquait l’inquiétude du public présent qui s’enquerrait de son état en même temps qu’intervenait la voiture médicale. Plus de peur que de mal. La jeune femme de 22 ans se relevait rapidement et repartait sous les applaudissements nourris des spectateurs. L’autre malheureuse restait plus longtemps sur le macadam mais finissait aussi par remonter en scelle pour finir la course sous les ovations. C’est aussi ça le cyclisme, des moments de grande solitude, loin des fastes de la gloire et des lauriers réservés à une minorité, porté par une foule aimante et admirative. La plus belle des victoires, celle du cœur et du partage. Qu’importe, ces dames avaient conquis l’audience de plus en plus nombreuse sous le chaud soleil parisien. Ne restait plus qu’à guetter l’arrivée de ces messieurs pas encore juchés sur leurs vélos.

    Marianne Vos gagne sur les Champs

    Assourdissante caravane

    Les heures s’étiraient et c’est alors qu’entra en scène l’indéboulonnable caravane et son cortège vrombissant. Depuis 1930, les marques se battent pour appartenir à la plus fameuse assemblée de partenaires d’une épreuve sportive et parcourir les routes de France chaque été. Comme les coureurs, tous sont heureux (et bronzés) de rallier la capitale, point final de leur aventure. L’heure est à la parade, à la détente. Garé rue de Rivoli, les immenses camions Vittel forment un encadrement de circonstance à leurs petits camarades et les accueillent comme il se doit. Bien planquer derrière leur volant, les chauffeurs se sont munis d’un fusil à eau et se plaisent à arroser ceux et surtout celles qui se dandinent, en souriant, sur les chars des divers partenaires commerciaux que le speaker se plaît à citer, inlassablement, au point d’abrutir un auditoire frustré de ne rien recevoir. Tradition oblige, aucune distribution n’est faite dans les rues de la capitale contrairement à ce qui se pratique sur toutes les routes de l’Hexagone avant le passage du peloton. Il faut dès lors se contenter d’échanger les sourires et s’armer de patience face à ce cortège interminable et assourdissant (merci les klaxons des camions). Derrières les barrières, la foule s’est épaissie. Français mais aussi étrangers de tous horizons ont pris place, armés de drapeaux, bleu-blanc-rouge évidemment mais aussi portugais, australien (vite repéré par les Orica-GreenEdge, la formation australienne du peloton, ndlr), polonais, néerlandais ou encore colombien. Les sourires sont partout, tout comme la poussière provenant des Jardins des Tuileries. Cela fait partie du décor et du folklore d’où émane cette joie incommensurable de participer à cette immense fête du cyclisme et du sport.

    Christopher Buet


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