• Li Na embrasse son cher trophée, son deuxième Grand Chelem

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  • Li na exulte

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    Pour sa seconde finale consécutive a Melbourne, Li Na n'a pas laisse la moindre chance a Dominika Cibulkova. Si la Chinoise a manifesté de la nervosité, elle a fini par s'imposer en 2 sets (7-6 6-0), coiffant ainsi sa seconde couronne en Grand Chelem après celle obtenue à Roland-Garros en 2011.

    La démonstration après la contraction. La plénitude après le doute. Sur une ultime faute directe de son adversaire, Li Na levait les bras au ciel comme lors du tour précédent où elle avait du se défaire de la jeune et prometteuse canadienne Eugénie Bouchard.

    Li Na salue son clan après la victoire

    Pas d'effusion de joie particulière sur le visage de la 4e joueuse mondiale (son sang chinois ne doit pas y être étranger), qui grâce à ce titre montait sur le podium de la WTA au profit de Maria Sharapova, à seulement 11 points de Victoria Azarenka, juste un petit sourire en coin, timide comme si elle ne réalisait pas ce qui venait de se passer. À la voir saluer pudiquement la foule massée dans la Rod Laver Arena, à la voir embrasser simplement son clan sans monter le rejoindre en tribune comme de coutume, on comprenait que plus que la joie, Li Na ressentait cette intense satisfaction du devoir accompli. Pourtant, la Chinoise ne venait pas de remporter un énième match dans une riche carrière, elle venait de s'offrir sa seconde couronne en Grand Chelem et de rétablir l'ordre dans un Open d'Australie anachronique ou les surprises étaient devenues une norme.

    Pression quand tu nous tiens

    C'est que pour sa troisième apparition en finale à Melbourne, où elle se sent si bien, Li Na ne pouvait se permettre d'échouer. Pas cette année, pas une deuxième fois consécutive (défaite en 3 sets contre Victoria Azarenka en 2013, ndlr), pas dans ce contexte où pour la première fois, elle ne faisait pas figure d'outsider mais bien de grande favorite face à l'inattendue slovaque Dominika Cibulkova. L'entame de match était d'ailleurs à l'avantage de la Chinoise. Étreinte par l'ampleur de l'événement, Cibulkova qui faisait sa première apparition à ce stade de la compétition, concédait le break d'entrée pour être menée 2-0. Son deuxième jeu de service revêtait dès lors un enjeu majeur. Elle le savait, soit elle le remportait et alors le match s'engageait, soit elle s'effondrait et ouvrait un boulevard à son adversaire. Aussi la tête de série n°20 décidait de prendre les choses en main. Non sans avoir sauvé deux balles de double break, elle trouvait un plus grand relâchement et parvenait à débloquer son compteur (2-1).

    Cibulkova n'abdique pas

    Son jeu de jambe mis en marche, la tombeuse de Maria Sharapova, en 8e de finale, mettait plus de vitesse dans ses déplacements et de puissance dans ses coups. Une nouvelle intensité qui déréglait Li Na. Alors qu'on la croyait sereine, la Chinoise était rattrapée par le contexte de cette finale et se laissait envahir par la peur et le doute au point de ne plus savoir servir. « Quand les Chinois doivent créer, ils se retrouvent dans le manque de confiance en soi. Chez Li Na, c'est flagrant », confesse son coach Carlos Rodriguez. Au terme d'un jeu abominable, la 4e joueuse mondiale cédait son engagement et remettait son adversaire dans la rencontre. Une rencontre qui gagna, après ce 4e jeu, en intérêt et en spectacle.

    La Gestion chinoise

    Devant une Rod Laver Arena pleine et rugissante, les deux joueuses se lançaient dans d'intenses échanges ou la vélocité de la Slovaque répondait à la précision et à la science du contre de la Chinoise. « Je n'ai pas fait un bon premier set. Mais je me suis accrochée », ne se cachait pas Li Na. Durant 6 jeux, ni l'une, ni l'autre ne concédait son engagement. Il fallait attendre le 11ème jeu pour voir le match tourner. En difficulté depuis le break concédé en début de rencontre et sentant la fin du set arrivé, Li Na accéléra. 

    Li Na fait la différence dans le tie-break

    S'appuyant sur son coup droit, la protégée de Carlos Rodriguez (ancien coach de la n°1 mondiale belge Justine Henin) pilonnait la défense slovaque et finissait par la briser au terme d'un jeu d'une grande maîtrise pour s'offrir l'occasion de servir pour le gain du set (6-5). La messe était dite croyait-on. C'était sans compter sur la fébrilité de la Chinoise au service. Cette dernière se crispait, ne passait aucune plus de première balle et faisait présent de son engagement à une Cibulkova qui n'en demandait pas tant (6-6). Presque logiquement, le sort de cette première manche allait se régler au tie-break. Un petit événement en soit puisqu'il s'agissait du premier jeu décisif en finale dame de l'Open d'Australie depuis 2003 et l'opposition entre Serena Williams et sa soeur Venus (match remporte par la cadette et actuelle n°1 mondiale, ndlr).Si le set avait été serré, le tie-break n'allait souffrir aucun suspense.

    En patronne, Li Na assumait son rang et se détachait rapidement 5-1. Malgré 25 fautes directes, une fébrilité manifeste et un service parfois calamiteux, la Chinoise aura su se montrer plus agressive et plus précise sur les points importants. Une gestion des instants importants qui lui permettait, ainsi de s'adjuger la première manche (7-6).

    L'impuissance de Cibulkova

    Cibulkova impuissante

    On ne le savait pas encore mais la Chinoise venait de faire le plus compliqué en parvenant à arracher ce premier set des griffes de Dominika Cibulkova. Aussi vaillante soit elle, celle qui avait atomisé la magicienne polonaise Agniezska Radwanska en demi-finale (6-2 6-1), accusait le coup après la perte du tie-break. Baissant un peu de régime, elle se faisait prendre son service d'emblée par une Li Na revitalisée. En effet, la joueuse de 31 ans était revenue sur le court transfigurée. « Après le premier set, ça a été beaucoup mieux. Au moins, j'ai essayé de mettre la balle dans le court », indiquait-elle. Enfin relâchée, elle déployait le jeu qu'on lui connaissait et qui lui avait permis de démolir ses adverses aux tours précédents. Intense et parfaitement arrimée à sa ligne de fond de court, le dragon de Wuhan faisait feu de tout bois. L'incendie se transformait rapidement en brasier incontrôlable pour une Cibulkova, tétanisée comme une biche apeurée encerclée par les flammes. « Dans le second set, après les deux premiers jeux, elle s'est relâchée. C'est devenu impossible pour moi de faire quoi que ce soit et d'être agressive, juste parce qu'elle jouait très bien » Le second set tournait court. Impériale, Li Na n'allait rien laisser à sa proie qu'elle dévorait 6-0.

    Après 1h37 de jeu, Li Na levait les bras au ciel. À 31 ans, la Chinoise pouvait savourer ce second titre en Grand Chelem après Roland-Garros en 2011. « Elle était tout près de voir son rêve s'en aller », appuie Carlos Rodriguez évoquant cette balle de match de Safarova au 3e tour et qui sortit pour quelques centimètres. Un scénario qui rehausse encore l'accomplissement que représente cette victoire. « Je l’ai fait. Pas comme les deux dernières fois (finales 2011 et 2013, ndlr). Cette fois-ci, je suis vraiment fière de moi », appréciait Li Na.  En soulevant le trophée Daphne Akhurst, elle devenait la première trentenaire, victorieuse à Melbourne, depuis 1973 et la sacre de légende locale Margaret Court. Au terme d'une chaude et agitée quinzaine, Li Na venait de rétablir l'ordre et d'entendre son empire. Le feu sacré de la Chinoise n'a pas fini de brûler en terre australe.

    Li Na et Dominika Cibulkova avec leurs trophées
    Christopher Buet

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  • Eugénie Bouchard comme une ombre

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  • Na Li se qualifie pour la finale

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    Pétrifiée par le stress et l’enjeu, Eugénie Bouchard s’est très logiquement inclinée en demi-finale de l’Open d’Australie contre Li Na (2-6 4-6 en 1h26). À défaut de finale, la jeune Canadienne (19 ans) a pris rendez-vous avec l’avenir.

    « Il était une fois… » Deux victoires de plus et le parcours d’Eugénie Bouchard aurait été un pur conte de fée, un récit comme on ne les raconte que dans les livres, une aventure de celle à faire rêver les enfants et émouvoir les parents. Mais la réalité est plus amère et l’enthousiasmante histoire de la Canadienne s’est achevée, ce jeudi 23 janvier, sous le soleil de Melbourne. Dans la clameur de la Rod Laver Arena, Li Na (N°4) a brutalement refermé le livre au visage de sa cadette (19 ans), la rappelant à sa condition de jeune débutante et lui indiquant que ce monde, celui du dernier week-end en Grand Chelem, n’est pas (encore ?) le sien qu’il recèle des dangers contre lesquelles elle ne peut se défendre.

    Un quart d’heure cauchemardesque

    Li Na dicte le jeu et survole le premier set

    « Ce n'est pas exactement une surprise. Je m'attends toujours à bien faire. Je suis juste contente d'avoir franchi cette étape. Mais je n'en ai pas fini. J'ai un match jeudi. Je l'attends avec impatience », expliquait mardi Eugénie Bouchard juste après sa victoire éclatante contre Ana Ivanovic, quand on l’interrogeait à propos de sa première demi-finale en Grand Chelem. Une réponse traduisant l’immense confiance qui l’habite et son imperméabilité à la pression. Mais entre les mots et le court, la différence est gigantesque et Bouchard allait le mesurer. « J'ai essayé de le prendre comme un match normal, mais c'est plus que ça. C'est plus important de rester concentrée. Je ne jouais pas très bien au début. Je manquais des coups de peu », reconnaissait-elle après le match. C’est peu dire que la grandeur de l’événement à rattraper la jeune femme de 19 ans.

    Pour sa première apparition dans le dernier carré d’un tournoi Majeur, la Canadienne allait vivre un véritable cauchemar. Au service pour entamer la rencontre, elle se faisait immédiatement breaker blanc par une Li Na très agressive qui profitait également de l’absence de première balle adverse. Dès lors, les jeux se mirent à défiler. Parfaitement ancrée sur sa ligne de fond de court, la Chinoise se jouait d’une pression qu’elle connaît bien (triple demi-finaliste à Melbourne, ndlr) et dictait le jeu 

    Eugénie Bouchard prise de vitesse

    avec une facilité déconcertante. Impériale, elle accélérait à sa guise et mettait hors de position son adversaire. Le festival chinois dura 16 minutes au cours desquelles, Bouchard concéda par trois fois sa mise en jeu sans même parvenir à y inscrire un point. « Je l'ai laissé faire ce qu'elle voulait », regrettait la native de Westmount. Ce n’est qu’à 5-0 que la machine Li Na se grippa, un peu. Coupable de deux doubles fautes, la joueuse de 32 ans cédait son engagement et relançait Bouchard. Cette dernière assurait ensuite pour remonter à 5-2 et entrer définitivement dans son match. Pas suffisant, toutefois, pour empêcher Li Na de boucler, après 28 minutes, un premier set parfaitement maitrisé.

    Service en faillite

    L’embellie entrevue à la fin du premier acte se confirmait. Après un premier jeu bien mené, Eugénie Bouchard se faisait violence et s’emparait au bout de 10 minutes intenses du service chinois. « J'ai voulu la mettre un peu sous pression », commentait-elle. On croyait alors que la révélation du tournoi allait remettre ça et refaire le coup des huitièmes de finale et des quarts où elle avait abandonné la première manche avant de renverser la vapeur. L’histoire était belle mais imaginaire et l’euphorie s’estompait dans la foulée. Trop fébrile au service, Bouchard craquait et voyait Li Na recoller à 2-2. C’est alors que commença la faillite des serveurs. Durant 4 jeux consécutifs, aucune des deux joueuses ne parvint à tenir son engagement au bonheur du relanceur adverse.

    Eugénie Bouchard en grande difficulté sur son service

    À 4-3 en sa faveur, la 4ème joueuse mondiale décidait de stopper cet anachronisme et de rétablir l’ordre (5-3). « Tous ses coups du fond du court étaient joués à 30 centimètres de la ligne de fond. Même son service a été très solide. Elle ne m'a pas laissé respirer. J'ai essayé de lui mettre la pression, mais elle a trop bien joué par instants », constatait impuissante Bouchard, lestée d’une abominable réussite au service avec seulement 45% de 1ère balle et un indigent 18% de points gagnés derrière sa seconde balle…

    Des statistiques qui ne pardonnent pas à ce niveau. Avec autorité, Li Na concluait le match à sa première occasion après seulement 1h26 de jeu. « En Chine, nous disons si tu as un mauvais passage et que tu t'en sors, alors tu vas être chanceux », philosophait la lauréate du jour en référence à cette balle de match dont bénéficia Lucie Safarova au troisième tour et qui sortit pour quelques centimètres, permettant à Li Na de survivre. Un coup de pouce du destin qui rappelle celui dont avait bénéficié Roger Federer l’année où il remporte Roland-Garros, quand Tommy Haas laissa filer d’un rien une balle de match en huitième de finale. Grâce à ce succès, Li Na va vivre sa troisième finale à Melbourne Park, la deuxième consécutive (défaite en 3 sets l’an dernier contre Victoria Azarenka, ndlr). Pour enfin décrocher le titre, la Chinoise devra, ainsi, se défaire de Dominika Cibulkova qui a atomisé Agnieszka Radwanska dans l’autre demi-finale (6-1 6-2 en 1h10).

    De son côté, Eugénie Bouchard voit son beau conte australien se clore. Bien que déçue, la joueuse de 19 ans qui intègre le top 20 mondial, refusait de se laisser abattre. « Je ne peux pas m'arrêter à ça, me reposer sur ce résultat. Il faut que je continue à m'améliorer et à regarder vers les prochains tournois », indiquait-elle. Si le conte australien n’a pas connu de fin heureuse, il se présente comme le premier chapitre d’une carrière qui promet assurément. L’histoire d’Eugénie Bouchard ne fait que commencer.

    Christopher Buet


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