• Guardiola-Bayern

    Un an après son départ du FC Barcelone, Pep Guardiola revient sur le banc du Bayern Munich. Un choc entre deux visions du football: la rigueur allemande et le romantisme catalan. Ce mariage est-il viable?

    Certains y voient une union de raison entre le meilleur entraîneur du monde et l’actuelle meilleure équipe d’Europe, d’autres y voient une incompatible association entre deux mondes antinomiques: le mécanique football bavarois et l’onirisme catalan. Quoiqu’il en soit, Pep Guardiola et le Bayern Munich ont uni leurs destins pour les 3 prochaines années. Qu’est-ce qui va changer en Bavière, élément de réponses.

    Pour Guardiola

    - Fini les entraînements à huis clos. Adepte des séances tactiques et physiques fermées aux regards extérieurs, le technicien catalan va devoir composer avec la tradition munichoise qui veut que les supporters puissent assister aux entraînements de leurs joueurs favoris.

    - S’inscrire dans la durée. Qu’on le veuille ou non, Pep Guardiola a toujours aimé se protéger. Ainsi depuis qu’il a été intronisé sur le banc barcelonais en 2008, il a toujours paraphé des contrats courts. Au Bayern, son contrat porte sur 3 saisons. Un engagement qu’il va devoir honorer.

    - Des dirigeants plus critiques? Contrairement à Barcelone où le président est élu, par les socios pour 7 ans, le Bayern est géré par ses anciennes gloires (Rummenigge, Uli Hoeness). Le rapport de travail sera forcément différent.

    - Un championnat inédit. Passé par Brescia, Barcelone, le Qatar ou le Mexique, l’homme aux 3 Ligues des Champions (1992 comme joueur, 2009 et 2011 comme coach) n’a jamais tâté le football allemand.

    - Un plan de jeu à revoir. « Il va venir avec ses trucs. On n’est pas Barcelone, on est le Bayern, il devra faire avec », prévenait Ribéry début juin sur RMC. Le message est clair, Guardiola va devoir composer avec une équipe championne d’Europe et d’Allemagne « en parfait fonctionnement » (dixit Heynckes) qui n’entend pas bouleverser son équilibre. Puis, Xavi n’est pas là, Iniesta et Messi non plus.

    - Une autre mentalité. Si à Barcelone, les socios se rendaient au Camp Nou comme on va à l’opéra pour voir une belle symphonie, à Munich, les supporters et les dirigeants ne jurent que par les trois points. Jürgen Klinsmann et ses préceptes de jeu n’y ont pas survécu.

    - Klopp plutôt que Mourinho. Après avoir goûté au manège médiatique portugais, il va se frotter à l’idéologie Klopp, sorte d’alter-ego à la sauce germanique, comprendre moins classe et plus volubile.

    - Le fils de Cruyff. Guardiola incarne le « cryuffisme », cette idée du football total. A Munich, il débarque dans le fief de Franz Beckenbauer, antithèse du « Hollandais Volant ». Conflit en vue?    

    Pour le Bayern

    - Un staff barcelonais. Guardiola sera le premier espagnol à s’asseoir sur le banc munichois. Pour l’accompagner, il a débauché…ses anciens assistants de Barcelone. Chargés d’étudier les adversaires en Catalogne, Domènec Torrent et Carles Planchart l’ont déjà rejoint dans le Sud de l’Allemagne 

    - Une culture différente. Si Munich a accepté de confier son projet à Pep Guardiola, c’est qu’il a accepté de voir son équipe se transformer. Si la formation emmenée par Franck Ribéry ne devrait pas être dépaysée quant à la rigueur tactique demandée, elle va devoir s’adapter aux standards du catalan: pressing haut, jeu à une touche, construction méticuleuse et utilisation à outrance de la largeur.

    - Vers une révolution? Si le jeu peut changer, les hommes également. Le lent Gomez cherche à partir quand Arjen Robben paraît menacer dans un système où l’individualisme n’a pas sa place. L’atomique Mario Götze a les qualités pour devenir l’Iniesta de Guardiola.

    - Les jeunes au cœur. Le Catalan est un formateur. S’il a amené à maturation des joueurs comme Busquets ou Pedro, il a donné sa chance à de nombreux autres: de Bojan à Bartra en passant par Thiago Alcantara. A Munich, son fonctionnement sera le même, la Masia en moins.

    Christopher Buet


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  • Blanc

    Nouvel entraîneur du Paris Saint-Germain, Laurent Blanc va devoir rapidement convaincre dirigeants, joueurs et supporters.

    Ce ne sont pas les douze travaux d’Hercule mais cela pourrait fort y ressembler pour Laurent Blanc. Nommé entraîneur du Paris Saint-Germain en lieu et place de Carlo Ancelotti, l’ancien sélectionneur se voit confier la tête de l’un des projets les plus ambitieux du football européen. Il a su mener Bordeaux au titre de Champion de France en 2009 et a amorcé la reconstruction de l’équipe de France de 2010 à 2012, mais les défis du PSG des Qataris sont d’un niveau supérieur.

    Satisfaire les attentes

    A Paris plus qu’ailleurs, le champion du monde 1998 va devoir prouver rapidement. Ses premiers résultats seront attentivement observés tout comme le style et l’image qu’il donnera à une équipe sacrée championne de France en mai dernier.

    Le fait qu’il succède à Carlo Ancelotti rajoute une pression supplémentaire. Les Qataris sont généreux mais extrêmement exigeants…et impatients.

    Gérer les egos

    Blanc va devoir gagner le respect de Thiago Silva et Zlatan Ibrahimovic, stars et tauliers du vestiaire parisien. Son avantage réside dans son statut d’ancien grand joueur comme le confirme au Journal du Dimanche Mino Raiola: « C’est un grand nom, on va le respecter », assure l’agent d’Ibrahimovic. Lors du dernier Euro en 2012, Blanc n’avait, toutefois, pas su contenir Nasri, Ben Arfa et Ménez. Jérémy Ménez qu’il retrouvera au PSG…

    Blanc PSGFaire mieux qu’Ancelotti

    Ancelotti n’a donné que le titre de champion de France à Paris. Eliminé en quart de finale de la Coupe de France (par Evian-TG, ndlr) et de la Coupe de la Ligue (par Saint-Etienne, ndlr), le technicien italien laisse une marge de manœuvre à Blanc. Déjà auteur d’un doublé avec Bordeaux en 2009 (Coupe de la Ligue-Championnat), ce dernier n’aura besoin que de ramener l’un des deux trophées, plus le titre national pour faire mieux que son prédécesseur.

    Réussir sur la scène européenne

    Au-delà des titres nationaux, l’ancien défenseur de Manchester United va devoir assurer la pérennité européenne du club parisien. Pour le retour du PSG en C1, huit ans après sa dernière participation, Ancelotti a atteint les quarts de finale, éliminé par le FC Barcelone. Jouer le titre européen est un objectif à moyen voire court terme pour Doha dans la Capitale. De fait, Blanc à l’obligation de faire au moins aussi bien que l’Italien, s’il ne veut pas être éjecté dans un an.

    Apaiser les esprits

    Entre les inquiétudes suscitées par le départ d’Ancelotti, le cas Leonardo et les multiples frictions sur le terrain de Verratti, Sirigu et même Thiago Silva, le PSG a vécu une fin de saison agitée. Laurent Blanc a donc pour mission de ramener le calme et la sérénité au sein du Paris Saint-Germain. Son aura et sa capacité à s’en servir seront ses atouts majeurs dans cette tâche délicate.

    S’adapter ou s’imposer?

    Adepte d’un jeu fait de passes courtes, l’ancien montpelliérain va se heurter à la réalité d’un effectif parisien bâti pour évoluer en contre. S’il ne manquera pas de moyens pour peaufiner son équipe, l’ossature restera la même avec le pivot Ibrahimovic et les flèches Lavezzi, Lucas, Menez. Il lui faudra s’adapter.

    Accepter la pression médiatique et populaire

    S’il l’a goûtée à la tête de l’équipe de France, Blanc va découvrir la pression médiatique qui pèse sur les entraîneurs des grandes écuries européennes. Une étreinte qui s’exprime au quotidien qui voit la moindre friction faire les gros titres. Une simple interview peut créer des tensions dans le vestiaire.

    Faire entendre son point de vue

    Jamais encore, Laurent Blanc n’a côtoyé un directeur sportif comme Leonardo, qui aime s’immiscer dans la vie du groupe et dont l’emprise sur les transferts est totale. Autant d’éléments avec lesquels le Français va devoir composer. Si d’aventure, Leonardo voyait sa suspension confirmée, l’horizon de Blanc se ferait plus clair et sa marge de manœuvre plus conséquente.

    Christopher Buet


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  • Roger Federer

    Dans la foulée de Roland-Garros, ces messieurs se retrouvent sur le vert gazon de Wimbledon pour la troisième levée du Grand Chelem. Si Nadal règne sur terre, le tapis vert londonien est plus indécis.

    Rien ne semble changer en ce lieu où le temps paraît suspendu, presque figé par une tradition vénérable et respectée. Point de couleurs flashy, point de cris hystériques, juste ce silence convenu dans un décor verdoyant où déambule sur les courts ciselés gentlemen et ladies tout de blanc vêtus. Wimbledon ne ressemble à aucun autre tournoi au monde. Berceau du tennis mondial, le All England Lawn Tennis and Croquet Club est un lieu éternel où règne une ambiance unique entre retenu, respect et noblesse.

    En cette fin juin, le calme qui sied à l’endroit va laisser place à la fureur d’une lutte sanguinaire entre les seigneurs du circuit masculin. Une guerre sans merci qui promet son lot de batailles épiques.

    Federer pour la décennie

    FedererN’en déplaise aux observateurs impatients, Roger Federer est loin d’avoir dit son dernier mot. Sevré de titre depuis le début de la saison, le Suisse a rétabli l’ordre en remportant pour la sixième fois de sa carrière le tournoi de Halle. Un 77ème succès qui renforce la confiance d’un joueur qui ne se sent jamais aussi bien qu’à Londres. « Je suis toujours très motivé pour Wimbledon et j'ai beaucoup réussi là-bas. Par conséquent, j'ai le sentiment que je peux toujours bien faire. J’ai confiance en moi. J'ai l'impression de savoir ce que je dois faire », explique-t-il.Federer 2003

    Il faut dire que le Bâlois a fait du gazon londonien son jardin. Un sanctuaire à la mesure de sa légende et de son jeu. Plus que tout autre, Sa Majesté connaît les subtilités de ce lieu emprunt d’histoire et de symboles. C’est ici, qu’il a connu ses premières grandes émotions tennistiques, tombant Pete Sampras en 2001 avant de venir y conquérir sa première couronne en majeur et de s’emparer du trône mondial. C’était en 2003 face à Mark Philippoussis, il y a une éternité. Dix ans après son premier sacrement, le recordman de victoires en Grand Chelem (17) entend fêter comme il se doit ce dixième anniversaire et rééditer sa performance de l’an passé. En juillet 2012, Roger Federer avait brisé les rêves d’Andy Murray et les cœurs d’un Centre Court acquis à la cause de l’enfant du pays.

    Murray, le prince voulant être roi

    Andy murrayMurrayMais la tâche du septuple lauréat de Wimbledon s’annonce des plus ardues. Le premier assaillant n’est nulle autre qu’Andy Murray. Finaliste malheureux en 2012, le Britannique ne veut plus revivre l’émotion déchirante d’une défaite en finale. Dans le Royaume, personne n’a oublié les larmes lacérant, le visage meurtri de l’Ecossais qui perdait pour l’occasion sa cinquième finale de Grand Chelem.

    Depuis cet épisode tragique mais fondateur, Andy Murray a su trouver les ressources pour vaincre ce qui semblait être une malédiction. Moins d’un mois après, il prenait sa revanche en finale des Jeux Olympiques, terrassant un Federer éreinté. L’or autour du coup, il glanait son premier Majeur du côté de Flushing Meadows, dominant un Novak Djokovic impuissant. Plus complet, plus serein et délester du poids de la succession de Fred Perry, le Prince écossais s’est parfaitement préparé pour se coiffer de la couronne londonienne. Blesser au dos et forfait pour Roland-Garros, il a peaufiné son jeu sur gazon et valider ses acquis en décrochant le titre au Queens. « Je pense que ce pourrait être l'année de Murray » veut croire John McEnroe. Hasard du tirage au sort, il est tombé dans la même moitié de tableau que son bourreau de 2012.

    Nadal pour l’histoire

    Rafael NadalAbsent en début de saison en raison de ses ennuis au genou, Rafael Nadal est intraitable depuis son retour à la compétition. En neuf tournois, il a remporté 7 titres et disputé 2 finales, écrasant au passage Roland-Garros pour soulever sa huitième coupe des Mousquetaires, fait inédit en Grand Chelem. Un bilan insensé mais qui s’explique par la nature d’une surface qu’affectionne le Majorquin. Sur ses neuf tournois joués, huit se tenait sur terre battue. La saison terrienne clôturée, son oncle et entraîneur Toni s’inquiète. « C’est sur cette surface que le risque est plus grand », confie-t-il évoquant les contraintes soumises au genou de son neveu.

    Une précaution que Roger Federer ne prend pas. « C'est dommage. Ce serait bien de voir les joueurs en dehors de leur zone de confort un peu plus souvent. Maintenant, on peut jouer le même jeu sur terre battue, sur herbe et sur dur. Au départ, ce n'était pas l'idée en ayant plusieurs surfaces », regrette le Suisse. Si d’aventure, il l’emportait, Nadal rejoindrait Borg dans l’histoire comme le deuxième joueur à réussir un troisième doublé Roland-Garros-Wimbledon, après 2008 et 2010. Pour ce faire, Nadal n’aura pas un tableau évident puisqu’il pourrait trouver sur sa route Roger Federer…dès les quarts de finale puis Murray ou Tsonga avant une hypothétique finale contre Djokovic, à moins que le fantôme de Lukas Rosol ne vienne tourmenter le Majorquin de nouveau (ndlr : l’an dernier, le tchèque avait éliminé Nadal dès le second tour)

    Djokovic en douceur

    Paradoxalement, Novak Djokovic est celui qui a le moins de chance, parmi le Big Four, de triompher à Londres maisDjokovic également le plus. Cela tient à deux données. D’un côté, Djokovic présente une forme incertaine sur gazon. Défait au terme d’un match fantastique d’intensité en demi-finale de Roland-Garros, le Serbe n’a pas disputé la moindre partie sur gazon avant Wimbledon. Or, le Serbe est loin d’être un métronome sur cette surface au rebond bas et fusant, sa victoire en 2011 est un trompe l’œil tant il dominait le circuit à cette époque et surfait sur une confiance inébranlable.

    Si le Serbe n’a pas la main verte, sa chance réside dans le tirage au sort du tournoi. Placé dans la partie haute du tableau, il évite Federer, Murray et Nadal tous en bas de tableau avec Tsonga. De fait, l’aigle belgradois va pouvoir se rôder tranquillement jusqu’à un éventuel quart de finale contre Gasquet ou Berdych. Son envol se fera donc en douceur.

    Gasquet peut y croire, Tsonga gâté

    GasquetDu côté des tricolores, Richard Gasquet s’en tire le mieux. A Wimbledon, le Biterrois a le chemin dégagé jusqu’au huitième de finale. A ce stade, qu’il n’a plus franchi depuis sa demi-finale ici-même en 2007, il devrait retrouver Tomas Berdych. Le Tchèque mécanique va avoir à cœur de s’illustrer après un Roland-Garros complètement manqué (ndlr : éliminé au premier tour par Gaël Monfils).

    Dans le bas du tableau, Jo-Wilfried Tsonga va avoir fort à faire avec un premier tour contre le prometteur mais encore tendre belge David Goffin. Derrière, il pourrait retrouver le fantasque Ernests Gulbis, Benneteau puis Cilic (n°12) avant de défier en quart Andy Murray sur ses terres puis le vainqueur du probable Federer-Nadal. Autant dire que cette quinzaine sur herbe ne s’annonce pas de tout repos pour le Manceau qui se fait (pourtant) une joie de renouer avec cette surface et ce tournoi où il reste sur deux demi-finales.

    Pas de chances également pour Benoît Paire qui dès le troisième tour sera aux prises avec Rafael Nadal. Un sort partagé par Jérémy Chardy qui lui devra affronter Novak Djokovic à ce stade de la compétition, et Nicolas Mahut. Vainqueur de son premier tournoi la semaine dernière, le trentenaire (31 ans) pourrait se frotter à Murray s’il parvient au troisième tour.

    Dans l’ambiance feutrée de Wimbledon, la guerre s’annonce féroce entre les différentes forces en présence. Le trône londonien se mérite.

    Christopher Buet


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