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    Après son exploit retentissant au premier tour face à Tomas Berdych, Gaël Monfils s’est de nouveau illustré en venant à bout du fantasque Ernests Gulbis en 4 manches. « La Monf » est en train de devenir le tube de cette quinzaine. De leur côté, Tsonga, Federer et les autres favoris ont régalé.

    « Gaël ! Gaël ! Gaël ! »A plusieurs reprises le public pourtant discret du court Philippe-Chatrier a scandé avec ferveur et amour le prénom de son héros du jour. Un peu plus et l’on aurait cru que le Central avait été transformé en salle de concert en pleine air, vaste auditorium enserrant une minuscule scène ocre. A l’issue du match, Monfils s’adressa à son public et lui rappela à quel point l’atmosphère de Roland Garros et cette communion avec le public était magique et l’inspirait. « Je me sens super bien ici, c'est mon pays, Je me sens bien. J'ai une énergie différente. Mon état d'esprit est bon, il y a ma famille, mes amis et le public est là, à 100 % avec moi, il me suit, c'est absolument fabuleux. Je la vois cette pression, mais je la prends de façon positive. C'est peut-être pour cela que j'ai de bons résultats ici » s’enthousiasmait-il.

    « Sur le court, c’est la guerre »

    f_29-05-Gulbis-Ernests-01Car comme lundi, Gaël Monfils avait répondu à l’appel du cœur et avait décidé d’offrir à sa victoire contre Tomas Berdych, une petite sœur. Opposé au fascinant Ernests Gubils, sorte de rebelle du tennis moderne, Gaël Monfils savait à quoi s’en tenir : un gros serveur au coup droit dévastateur, en somme un réplica de Berdych, le jeu mono-chromique en moins et la gouaille en plus.

    Oui, le Letton n’est pas un joueur de tennis comme les autres. A 24 ans, il a une personnalité et une répartie qui peut déranger mais qui a le mérite de décaper. Avant la rencontre, il ne s’en cachait pas « sur le court, c’est la guerre » et s’il joue son « meilleur tennis », il n’a « pas besoin de se préoccuper du jeu de l’autre ». En résumé, l’après-midi promise à Gaël Monfils n’avait rien de réjouissant  tout tombeur de Berdych et finaliste de Nice était-il.

    Pas du genre à parler pour parler, Gulbis ajoutait les actes. Entreprenant, il allait pourtant perdre en premier son service lors d’un cinquième jeu où il commit deux double fautes. Une anecdote puisque dans la foulée, il subtilisait l’engagement du Français et emmenait le match au tie-break. Dictant le jeu, Gulbis faisait la différence face à un Monfils, trop timoré (7-6).

    Monfils sort les barbelésf_29-05-monfils-gael-01

    Malmené, le 81ème joueur mondial ne s’affole pas. « Il sait ce qu’il fait. Il est le patron et c’est probablement la première fois que ça lui arrive. Laissons le faire » milite Henri Lecomte qui se retrouve dans l’excentricité et l’esprit libre de Monfils. Depuis plusieurs semaines, ce dernier est, en effet, sans coach, reprenant un flambeau allumé par Tsonga et transmis par Gilles Simon. Or cette situation semble lui convenir. Serein, il fit un second set remarquable de réalisme. Impeccable en défense où il s’évertuait à remettre chaque fois une balle de plus, il finit par faire craquer Gulbis, las de voir la balle sans cesse revenir qu’il tente une amortie ou assène de grandes gifles de coup droits. A 5-4 en sa faveur, Monfils parvient à prendre une troisième fois le service letton et chaparde la manche (6-4).

    A l’image de la personnalité des deux joueurs, le troisième acte fut particulièrement chaotique et fascinant. Après une éclipse de Gulbis, le Parisien se détachait pour mener 5-2. L’affaire aurait du être pliée mais c’est mal connaître les ressources de l’imprévisible letton. Ressortant de la boîte où il avait rangé son tennis, il recollait, non sans quelques piques à l’encontre du f_29-05-monfils-gael-02juge de chaise. La suite allait être magnifique. Ensemble, les deux joueurs se mirent à élever leur niveau et le 11ème jeu marqua un tournant. Revenu à hauteur, Gulbis eut 4 balles pour breaker mais ne les convertit pas. Sa chance était passée. Après 10 minutes de défense acharnée, Monfils conservait son engagement puis allait survoler le tie-break (7-6).

    La messe était dite. Le quatrième set allait se résumer à un cavalier seul du Français dans un concert de fautes directes orchestré par l’instable Gulbis. A l’image de son match, il offrait la victoire à Monfils sur une 68ème et ultime faute. Après 3h15 d’effort, le Central exultait. « Mentalement j'essaie d'être costaud, et de plus en plus costaud lorsque la situation devient difficile, et cela marche apparemment. Je crois que j'ai cet "esprit Grand chelem" en moi » tentait d’analyser l’ancien 7ème mondial. A Paris, Gaël Monfils a retrouvé la chanson. Une chanson qui est en train de se transformer en tube.

    Qui ? Paire gagnef_29-05-Paire-Benoit-02

    Si Monfils a su enflammer les cœurs sur le court Philippe-Chatrier, il est un autre artiste plus sobre et plus fin qui a également enchanté l’assistance. De retour mercredi matin sur le court pour en finir avec un premier tour commencé la veille et interrompu par la nuit, Benoît Paire a parfaitement négocié son affaire. Malgré une mauvaise nuit selon ses dires, l’Avignonnais a capitalisé sur son break acquis juste avant la nuit pour virer en tête au troisième set avant de f_29-05-Benneteau-Julien-04conclure lors de la suivante (3-6 7-6 6-4 6-4). Du bel ouvrage.

    Dans un style plus violent et abrupt, Jo-Wilfried Tsonga a fait respecter la hiérarchie. Faisant sonner son coup droit, il a refroidi le finlandais Jarko Nieminen (7-6 6-4 6-3). Au tour suivant, il retrouvera un de ses compatriotes en la personne de Jérémy Chardy, lui aussi impeccable. Si les deux hommes n’ont pas connu de grandes difficultés, la palme du jour revient assurément à Julien Benneteau. Contre Tobias Kamke, le Bressan est passé par toutes les émotions. L’euphorie d’abord avec deux premiers sets remportés 7-5, puis l’inquiétude quand il céda le troisième (5-7) et carrément la peur quand perclus de crampes il fut sur le point d’abandonner, avant de connaître le soulagement. Refusant d’abdiquer, la tête de série 30 arrachait finalement la victoire. Une abnégation qui lui offre le droit de jouer en compagnie de Roger Federer.

    Sa Majesté aux 17 titres du grand Chelem s’est muée en maestro, ce mercredi, gratifiant l’audience d’un récital dont lui seul a le secret. Aérien, il a consenti à lâcher 4 jeux à l’indien Devvarman, seule petite fausse note à une prestation aboutie (6-2 6-1 6-1). Avec la même efficacité, David Ferrer a dégoûté son compatriote Albert Montanes (6-2 6-1 6-3).

    Serena était trop forte

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    Dans le tableau féminin, la leçon a été particulièrement corsée pour Caroline Garcia. Après l’expérience Sharapova en 2011, la jeune espoir tricolore a appris à connaître la musique Williams. Un mélange irrésistible de puissance et de technique. En à peine 1h02 de jeu (6-1 6-2), la Française s’inclinait devant l’intouchable n°1 mondiale qui porte à 26 matches sa série d’invincibilité.

    Guère mieux lotie avec Ana Ivanovic comme adversaire, Mathilde Johansson n’a pas pu rééditer sa belle performance de l’année dernière (2 victoires). Cette fois, l’aventure Porte d’Auteuil s’achève au deuxième tour. En fin de journée, elle s’est montrée totalement impuissante contre la vainqueur de Roland-Garros 2008.

    Entre Gaël Monfils qui devient doucement mais bruyamment le tube de la quinzaine, des Français conquérant et des favoris en mode récital, ce Roland-Garros a de faux air de concert sur terre.

    Christopher Buet


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    Si les favoris n’ont pas tremblé, en cette deuxième journée, les Français ont également assuré. De Tsonga à Monfils en passant par Johansson, ils seront tous de la fête au second tour.

    Il est des victoires qui se savourent plus que d’autres, des succès dont la saveur reste longtemps en bouche et dont les vertus se délectent avec une jouissance presque coupable. Le match remporté par Gael Monfils est de cette sorte là et parce que l’adversaire était ce colosse au visage mécanique et au jeu aussi froid que le vent qui pétrifiait les frêles feuilles vertes ornant les arbres chancelant des allées de Roland Garros. Plus que l’adversaire, il fallait, hier, retenir la manière avec laquelle Monfils s’était battue sur sa terre. Car plus que tout autre, l’ancien septième mondial est chez lui dans l’enceinte exigüe et connaisseuse du Majeur parisien.

    Monfils maltraite Berdych

    f_27-05-Monfils-Gael-01Après des mois de galère, de blessures en série finissant d’installer une instabilité chronique autour de lui, l’actuel 81ème à l’ATP n’avait pas hérité d’un retour aisée Porte d’Auteuil. En effet, vendredi, le sort l’offrait à Tomas Berdych, certainement aussi content de devoir affronter Monfils que l’inverse. Un premier tour en forme de cauchemar face à ce frappeur silencieux et méthodique. Mais qu’importe, le Parisien n’avait cure.

    A présent sans entraîneur depuis sa rupture d’avec Patrick Chamagne et son éphémère, presque illusionnée, association avec Eric Winogradsky, Monfils ne souhaitait que jouer, accumuler les matches et se faire plaisir. Surfant sur les 10 succès en 11 matches accumulés depuis deux semaines, le demi-finaliste 2008 se mettait le premier en évidence. Bien en jambe, il parvenait à contrer la puissance du Tchèque et à exister. Mieux poussant jusqu’au tie-break, il se payait le luxe de faire plier son adversaire, impuissant devant le brio et l’énergie déployée par le tricolore en défense. Ce dernier en remettait même une couche. Servant le plomb, il n’allait pratiquement pas concéder le moindre point sur sa mise en jeu dans le second set, tout en s’emparant d’une des mises en jeux adverse. Après un peu plus d’heure et demie, Monfils menait deux manches à zéro sans que personne n’y trouve rien à redire (7-6 6-4).

    Au bout de lui-même

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    Sans solution, Berdych aurait pu se frustrer et s’énerver mais le 6ème joueur mondial ne broncha pas. Avec calme, il poursuivait son entreprise et continuait de frapper fort. Une tactique payante puisque (presque) logiquement Monfils s’affaissa. Plus habitué à jouer des matches de cette intensité, le Français accusait le coup physiquement et se faisait enfoncer par la violence des attaques tchèques. Même s’il parvenait à rester dans le match grâce à son service (plus de 75% de première balle et 26 aces), il s’inclinait par deux fois au tie-break et voyait le Tchèque revenir à sa hauteur.

    Beaucoup crurent alors que la chance de Monfils était passée, d’autant qu’il n’était passé qu’à deux points du match en toute fin de 4ème manche. Que nenni. « La Monf » a de la ressource et sait se sublimer devant ce public, vibrant à l’unisson de son champion. A bout de force, il ne tenait plus que grâce à la fureur des cris de la foule quand Berdych luttait également contre sa lourde et douloureuse carcasse. Vint alors ce neuvième jeu. Moins impérial au service, le vainqueur de la Coupe Davis expédiait une vilaine volée dans le cœur du filet et concédait sa mise en jeu ainsi que le match. Ne se faisant pas prier, Monfils se saisissait du cadeau et l’offrait aux spectateurs enfiévrés du Philippe Chatrier. Après 4h03 d’un intense combat, il finissait par croquer son adversaire (7-6 6-4 6-7 6-7 7-5). « C'est un moment unique. Il y a longtemps que je n'avais pas gagné de grand match comme celui-là, en me dépassant physiquement et mentalement. Cela fait super plaisir. C'est une victoire différente de celles que j'ai pu connaître ici par le passé. Un de mes plus beaux matchs à Roland-Garros », goûtait-il avec délectation.

    Un savoureux succès qui ouvre donc son tableau mais qu’il va vite devoir digérer. En effet, au tour suivant, le menu s’annonce tout aussi épicé avec un joueur aux frappes aussi sourdes que sauvages, le Letton Ernests Gulbis, sorte de Berdych sensible et fantasque.

    Gasquet et Tsonga déroulent

    f_27-05-Gasquet-Richard-04« J'ai envie de bien faire ici... Je ne me mets pas de pression excessive. J'ai juste envie de bien faire, de faire un gros tournoi. » Le discours de Richard Gasquet a le mérite de refléter ce qu’il proposa sur le court, une prestation sobre et maîtrisée émaillée de quelques fulgurances dont le chef Gasquet a le secret (6-1 6-4 6-3 en 1h31). En cette année 2013, le joueur peureux et malhabile qui s’était perdu dans les tourments d’une réputation d’artiste a laissé place à un soliste fiable. Sa partition retrouvée, celui qui fut surnommé le « Petit Mozart » du tennis laisse de nouveau libre cours à ses élans créatifs. A voir la mine déconfite d’Igor Stakhovsky, qui se signala en allant prendre une photo d’une trace avec son téléphone portable, contestant une décision de l’arbitre de chaise, le morceau joué par Gasquet a du peps. « C'est vraiment un plaisir d'être ici, et je sais que le public est avec moi. À moi de tout donner, on verra jusqu'où ça me mènera », a conclu le Biterrois.

    Dans un autre style, et une sonorité plus fracassante, Jo Wilfried Tsonga n’a pas manqué ses retrouvailles avec la terre battue parisienne. Un an après l’homérique quart de finale qui le vit sous une pluie circonstancielle s’incliner face au rapace serbe Novak Djokovic, le Manceau a assuré le service minimum. Plus puissant et plus percutant que le modeste slovène Aljad Bedene, et malgré un service défaillant (50% de première balle), le n°1 français a réglé l’affaire en 1h47 et trois petits sets (6-2 6-2 6-3).

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    Si on avait espéré des retrouvailles au second tour avec Paul-Henri Mathieu dans un duel fratricide mais forcément réjouissant, ce dernier n’a pas rempli sa part du contrat. La faute à Jarko Nieminen. Poussant le vice jusqu’à disputer à nouveau cinq sets Porte d’Auteuil, il ne faut pas bouder son plaisir quand on joue un Majeur à la maison, Mathieu a fini par craquer. Brillant de vaillance, à défaut d’excellence tennistique, le Français a payé cher son modèle réactif. Toujours mené au score, il a fini par s’épuiser avant de céder logiquement devant le Finlandais au cours de la cinquième et dernière manche (6-4 4-6 6-4 6-7 6-2 en 3h42). L’aventure 2013 s’arrête donc dès le premier tour pour l’homme aux matches à rallonge. L’an dernier déjà, il avait passé près de 13 heures sur les courts en 3 matches, dont 5h40  contre le seul John Isner.

    Mathilde Johansson rayonne

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    f_27-05-Johansson-Mathilde-02Plus chanceux que PHM, Julien Benneteau a mieux négocié son entrée en lice, en parvenant à effacer le Lituanien Berankis en 4 sets (7-6 6-3 5-7 7-6). Une victoire qui laissait un goût légèrement amer au Bressan qui aurait préféré (et pu) boucler le match plus vite. Une économie non négligeable quand se profile dès le 3ème tour un affrontement avec Roger Federer. Bien rentré également dans son tournoi, Edouard Roger-Vasselin. A 29 ans et pour son cinquième Roland Garros, il fit preuve d’une grande aisance dans l’échange. Bien en place, il ne laissait pas respirer l’argentin Alund pour composter son billet en 2h10 (6-2 4-6 6-1 6-0). Au tour suivant, les données de l’équation seront différentes puisqu’il faudra se défaire de Nicolas Almagro (n°11)

    Du côté des filles, le ciel se veut éclatant pour Mathilde Johansson. Entreprenante, elle a parfaitement manœuvré contre la sud-africaine Scheepers (7-5 6-1) pour s’offrir le droit de défier Ana Ivanovic, impeccable la veille. Un succès après lequel court désespérément Pauline Parmentier depuis janvier dernier. S’en ressentant toujours de son épaule, elle a été balayée par la slovaque Rybarikova (6-0 6-1).

    Entre l’exploit de Gaël Monfils, les belles performances de Roger Vasselin et Johansson et les rentrées sereines des Gasquet, Benneteau et autre Tsonga, le tennis tricolore entame bien ce Roland Garros.

    Hier, alors le ciel clément avait laissé entrevoir de belles éclaircies et de larges trouées azurées, la terre ocre avait une fausse teinte bleutée.

    Christopher Buet


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